Le Bahrein accuse le Liban de rester les bras croisés alors que le Hezbollah attaque Israël ; Hariri demande “l’intervention” de Paris et Washington
L’armée israélienne a affirmé dimanche mener des frappes dans le
sud du Liban en représailles à des tirs de missiles ayant touché des
cibles sur son territoire.
« Des missiles antichars ont été tirés depuis le Liban vers une
base et des véhicules militaires. Des cibles ont été touchées. (L’armée)
riposte avec des tirs vers la source de ces frappes et cible le sud du
Liban », a indiqué l’armée israélienne dans un communiqué.
L’armée israélienne a ensuite confirmé qu’il n’y avait pas eu de
victimes dans ses rangs, ajoutant que l’un des missiles avait heurté une
Jeep tandis qu’un autre avait ciblé un poste de l’armée près de la
frontière.
L’armée a déclaré qu’elle ne savait pas encore si cette attaque
représentait toute l’ampleur des représailles du Hezbollah après une
frappe aérienne israélienne contre une base contrôlée par l’Iran en
Syrie dans laquelle plusieurs membres avaient été tués, dont deux
membres du Hezbollah.
Au cours de ses raids sur le sud du Liban, l’armée a tiré 100 obus de
mortier, y compris sur la cellule qui a tiré sur Israël, a déclaré
l’armée israélienne.
Le groupe terroriste chiite du Hezbollah libanais avait annoncé avoir
« détruit » un véhicule de l’armée israélienne dans le secteur
d’Avivim, dans le nord d’Israël, rapportant « des morts et des
blessés », selon la chaîne Al-Manar, organe de propagande du Hezbollah.
L’information portant sur le prétendu bilan des victimes israéliennes a
ensuite été démentie par l’armée israélienne et le Premier ministre
Benjamin Netanyahu.
« A 16H15 (13H15 GMT) », une unité de combattants du Hezbollah « a
détruit un véhicule militaire sur la route menant à la caserne
d’Avivim », dans le nord d’Israël frontalier du Liban, selon un
communiqué du Hezbollah partagé par Al-Manar.
L’agence de presse étatique libanaise ANI a confirmé ces frappes.
« La périphérie de la localité de Maroun al-Ras (…) est la cible de
bombardements de l’ennemi israélien, qui se poursuivent de manière
sporadique », d’après l’agence.
Cette localité se trouve côté libanais juste en face du village israélien d’Avivim.

Le ministre du Likud, Yoav Gallant, qui siège au cabinet de sécurité,
avait déclaré à la radio militaire qu’il n’était au courant d’aucune
victime israélienne dans l’attaque du Hezbollah. « À ma connaissance, il
n’y a pas eu de blessé dans l’incident », avait-il dit.
L’attaque dans le nord d’Israël était intervenue alors que Netanyahu,
également ministre de la Défense, s’entretenait avec le président
hondurien à Jérusalem.
Selon plusieurs articles de presse, les ministres avaient reçu
l’ordre de ne pas donner d’interviews aux médias. La directive du bureau
du Premier ministre était survenue peu de temps après l’intervention du
ministre Gallant.
L’armée avait ordonné aux villes frontalières du nord d’Israël,
situées à moins de quatre kilomètres de la frontière libanaise, d’ouvrir
leurs abris anti-bombes.
L’unité ayant mené l’attaque porte le nom de deux combattants du
Hezbollah, Hassan Zbib et Yasser Daher, qui ont été tués en Syrie la
semaine dernière dans une frappe revendiquée par Israël.

Le Premier ministre libanais Saad Hariri
pendant une conférence de presse avec le président français Emmanuel
Macron à l’Elysée, le 1er septembre 2017. (Crédit : Ludovic Marin/AFP)
Le Premier ministre libanais Saad Hariri a, quant à lui, réclamé
dimanche l’ « intervention » de Paris et de Washington « face aux
développements à la frontière sud », selon un communiqué de ses
services.
Hariri s’est entretenu par téléphone avec le chef de la diplomatie
américaine Mike Pompeo et avec un conseiller du président français
Emmanuel Macron pour réclamer « l’intervention des Etats-Unis, de la
France et de la communauté internationale face aux développements de la
situation à la frontière sud », d’après le communiqué.
La Finul, force de maintien de la paix de l’ONU déployée dans le sud
du Liban à la frontière avec Israël, a appelé à « la plus grande
retenue ».
« Le commandant de la Finul, le général Stefano Del Col, est en
contact avec les parties, pour les enjoindre à faire preuve de la plus
grande retenue et leur demander de cesser toute activité qui mette en
danger la cessation des hostilités » observée par les deux voisins,
avait indiqué dans un bref communiqué à l’AFP le porte-parole de la
Force intérimaire de l’ONU, Andrea Tenenti.

« Tous ceux qui cherchent à nous faire du mal doivent savoir que nous
sommes prêts à défendre les citoyens d’Israël où qu’ils soient, sans
hésitation. Nous leur disons également que nous sommes prêts et que nous
ne voulons pas montrer à quel point nous sommes bien préparés. Vous
devez savoir que la frontière ne peut être silencieuse que si elle l’est
des deux côtés, » a écrit le président Reuven Rivlin dans un communiqué
diffusé en fin d’après-midi.
Le ministre bahreïnien des Affaires étrangères, Khalid bin Ahmed Al
Khalifa, a de son côté critiqué dans un tweet le Liban pour avoir permis
au groupe terroriste du Hezbollah d’opérer sur son territoire. Khalid
bin Ahmed Al Khalifa a en effet accusé Beyrouth de rester les bras
croisés alors que le Hezbollah attaque Israël depuis son territoire.

Deux semaines avant les élections nationales, le chef de Kakhol
lavan, Benny Gantz, un ancien chef d’état-major israélien, a annoncé
qu’il gelait la campagne de son parti en raison de la situation
sécuritaire dans le nord d’Israël, affirmant qu’il n’y a « pas
d’opposition ni de coalition » dans le combat d’Israël contre ses
ennemis.
« Compte tenu de la situation en matière de sécurité, j’ai ordonné
que notre campagne soit gelée à ce stade jusqu’à ce que les incidents
sécuritaires soient clarifiés », a écrit Gantz.
Son partenaire, Yaïr Lapid, a fustigé le Premier ministre, qui, selon
lui, a abandonné la politique consistant à ne pas commenter les
opérations d’Israël menées dans les pays voisins, afin d’obtenir un
soutien politique en amont des élections du 17 septembre.
« Les enfants du nord se trouvent dans des abris [anti-bombes] pour
une seule raison : parce que Bibi [Netanyahu] a violé la politique
d’ambiguïté à cause des élections », a tweeté Lapid tout en saluant les
forces de sécurité postées dans le nord. « C’est ce qui arrive quand le
Premier ministre joue à la politique au détriment de la sécurité. »
Lors de l’ouverture d’un bureau diplomatique du Honduras à Jérusalem,
Netanyahu a déclaré qu’aucun Israélien n’avait été « égratigné » par le
bombardement du Hezbollah dans le nord d’Israël.
« Il n’y a pas de blessés israéliens, pas même une égratignure », a-t-il déclaré en souriant.
« Il y a environ une heure, j’ai consulté le chef d’état-major et les
généraux de Tsahal. Nous avons été attaqués par plusieurs missiles
antichars. Nous avons riposté avec 100 obus et tiré par des moyens
aériens. Nous sommes en train de nous consulter pour les prochaines
étapes. J’ai ordonné que nous soyons prêts pour tout scénario. Nous
déciderons des prochaines étapes dans l’attente des développements. À ce
stade, j’ai une annonce importante : nous n’avons aucune victime, pas
même une égratignure, » lit-on dans un communiqué du bureau du Premier
ministre.

Les violences interviennent alors que le Hezbollah a accusé la
semaine dernière l’Etat hébreu d’avoir mené une attaque au drone armé
sur son fief dans la banlieue sud de Beyrouth.
« L’attaque de drone » imputée à Israël avait eu lieu quelques heures
après que l’Etat hébreu eut annoncé avoir mené des frappes en Syrie
contre des forces iraniennes.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait indiqué qu’un centre du
mouvement chiite avait été touché en Syrie, confirmant la mort de deux
de ses combattants. Il avait promis des représailles.
Cette « attaque » a été présentée par Nasrallah comme « le premier
acte d’agression » d’Israël au Liban depuis la guerre de 2006 entre
l’Etat hébreu et le mouvement terroriste chiite qui a fait 1 200 morts
côté libanais et 160 côté israélien. Adoptant le narratif du Hezbollah,
le président libanais Michel Aoun avait alors évoqué une « déclaration
de guerre ».
L’armée israélienne avait ensuite « dévoilé » un plan de l’Iran, via
son allié du Hezbollah, visant à convertir des roquettes en missiles de
précision pouvant frapper Israël et avait tenu pour « responsable » le
Liban, le Hezbollah opérant sur son territoire.
Selon l’armée israélienne, l’Iran avait tenté de 2013 à 2015 de transporter des missiles de son sol jusqu’au Liban, via
la Syrie, mais des « opérations israéliennes » ont freiné ce projet et
Téhéran a modifié son approche en 2016 afin non pas de transporter des
missiles, mais de « convertir » des roquettes en missile de haute
précision.
« Nous sommes déterminés à empêcher nos ennemis de posséder des armes
de destruction (…) et je leur dis : ‘dir balak’ (Prenez garde, en
arabe) », avait déclaré jeudi Netanyahu.
Son principal rival, l’ancien chef de l’armée Benny Gantz, a renchéri
samedi soir sur Twitter en appelant Nasrallah, à avoir « pitié » du
Liban. « Ne pousse pas Tsahal à le ramener à l’Age de pierre », a-t-il
écrit.
Source:© Ripostes israéliennes après des tirs du Hezbollah ; pas de blessé côté israélien
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