COMPARATIF – Service, confort, restauration, prix, conditions d’annulation… Le Figaro a passé au crible l’offre de la SNCF et celle de son nouveau concurrent italien.
Source:© Paris-Lyon: nous avons testé la différence entre la SNCF et Trenitalia
COMPARATIF – Service, confort, restauration, prix, conditions d’annulation… Le Figaro a passé au crible l’offre de la SNCF et celle de son nouveau concurrent italien.
Que vaut le nouveau TGV italien qui part de Paris à destination de Milan et dessert les gares de Lyon, Chambéry, Modane et Turin? Son lancement ce week-end a créé l’événement. Le rouge rutilant du Frecciarossa stationné au côté des TGV inOui et Ouigo de la SNCF, attirait la curiosité des voyageurs nombreux gare de Lyon, à Paris, samedi 18 décembre, jour de grands départs. Un moment charnière, marquant la fin du monopole de la SNCF sur les lignes à grande vitesse. La filiale hexagonale de Trenitalia, qui exploitait jusqu’en mars 2020 le train de nuit Paris-Venise sous le nom de Thello, est la première à profiter de l’ouverture à la concurrence autorisée depuis décembre 2020. Elle s’attaque au Paris-Lyon, la liaison la plus rentable.
À LIRE AUSSIRetards de train SNCF: quelles sont les pires gares de France? Découvrez notre classement
Et ce n’est qu’un début. La Renfe, opérateur national espagnol, convoite la ligne Paris-Lyon-Marseille. Ailleurs en France, d’autres acteurs se positionnent sur les grandes lignes classiques et le réseau TER.
Samedi dernier, la grève avortée qui menaçait les circulations sur l’axe Sud-Est ne pouvait pas mieux tomber pour le nouvel acteur transalpin, qui promet «le plaisir d’un voyage nouveau».
Le choix des prix et de l’expérience
La menace du mouvement social a mis en lumière les bienfaits de la concurrence pour les passagers français. «Par précaution, j’ai préféré annuler mon billet SNCF pour me rendre à Lyon avec Trenitalia», confiait Étienne, trentenaire en partance pour les Alpes, sur le point d’embarquer dans le Frecciarossa inaugural. Ce changement lui a permis, au passage, de récupérer une soixantaine d’euros en payant 39 euros son nouveau billet acheté trois jours avant.
Avoir le choix entre plusieurs compagnies, pouvoir passer de l’une à l’autre en fonction des prix ou de l’expérience de voyage souhaitée… Voilà sans doute, comme dans l’aérien, le principal bénéfice de la libéralisation des marchés ferroviaires pour les passagers. Avec ses prix d’appel avantageux, le nouvel arrivant pourrait forcer la SNCF à revoir les siens à la baisse. Cette guerre des prix profiterait aux quelque 50 millions de voyageurs qui empruntent la liaison Paris-Milan chaque année. En Italie, l’arrivée de l’opérateur privé Italo en 2012 a entraîné depuis une baisse des tarifs de 40 % en moyenne. En outre, cette évolution a accru la part modale du train dans le pays.
Service, confort, restauration, fréquence, prix et conditions d’annulation… Nous avons passé au crible l’offre des deux compagnies en réalisant le trajet Paris-Lyon, afin de comparer les expériences de voyage. Si la note globale rend le match ex aequo, d’importances nuances dans les éléments comparés feront préférer l’une à l’autre.
À LIRE AUSSITrenitalia lance son Paris-Lyon: confort, prix… Ce qui attend les voyageurs
inOui et Ouigo par la SNCF: 7/10
Le TGV français propose une offre bien établie mais à réinventer.
Le service: 6/10
Il faut opter pour la business première pour avoir le sentiment de voyager de manière un peu plus privilégiée. Cette «troisième classe» créée en octobre dernier pour les voyageurs d’affaires afin de contrer la concurrence n’est néanmoins qu’une première classe à peine améliorée. On y profite de quelques avantages comme l’accès au salon grand voyageur, une boisson et une collation et l’attention d’hôtes dédiés. Pas de quoi justifier un billet vendu au prix fixe de 142 €… À la manière d’un pilote d’avion, le conducteur du TGV nous informe avec bonne humeur de l’état du trafic jusqu’à la destination. Puis c’est au tour d’un agent de bord de nous informer à mi-parcours que les prises électriques fonctionnent à nouveau. Avant et pendant le voyage, des SMS et notifications nous indiquent la voie de départ ou d’arrivée et avertissent du moindre retard. Une communication proactive plutôt appréciable.
Le confort: 6/10
Le trajet serait sans doute plus confortable si les personnes voyageant seules en seconde classe n’étaient pas placées dans un «carré famille». Pas de chance, le choix des places n’est disponible qu’en première. Consciente que cette disposition déplaît à de nombreux passagers, la SNCF s’est engagée à réduire le nombre de «carrés famille» dans les futurs réaménagements de ses rames. En business première, nous ne remarquons aucune différence avec la première classe. Les sièges sont absolument identiques et pas spécialement confortables, surtout dans les TGV Océane, les rames les plus récentes. Le Wi-Fi satisfait les tâches courantes mais son usage est limité et se montre parfois instable.
Le bar: 7/10
Contraintes sanitaires obligent, impossible de profiter de la voiture-bar, où les nombreuses places assises apportent habituellement un peu de convivialité au trajet. Il faudra déjeuner à sa place. Nous achetons notre repas via l’application oui.sncf pour une livraison dans les 15 minutes. Un agent nous apporte effectivement notre commande en voiture 1, place 61, tout en s’excusant pour le léger retard. Au menu, un croque-monsieur, un brownie et une orangeade. Si la qualité est correcte, c’est cher payé (12,50 €) et loin d’être rassasiant.
Fréquence: 10/10
Jusqu’à 22 InOui et deux Ouigo par jour entre les centres-villes, soit un départ toutes les heures, voire toutes les trente minutes en période de pointe.
Prix et conditions d’annulation: 7/10
En TGV inOui, compter une quarantaine d’euros au minimum le billet en seconde classe. Les détenteurs de la carte Avantage bénéficient d’une réduction de 30 % et sont à l’abri des mauvaises surprises grâce à un prix plafonné à 59 € le trajet, même en dernière minute. L’échange et l’annulation se font sans frais jusqu’à trois jours inclus avant le départ. Au-delà, il faut payer une pénalité de 15 € par personne et par billet. La filiale à bas coûts Ouigo relie les deux centres-villes à partir de 19 €, mais c’est sans compter les options (bagage, prise électrique, choix de la place…), l’absence d’une voiture-bar et l’impossibilité d’être remboursé.
Frecciarossa par Trenitalia: 7/10
Priorité au confort et au service: la classe executive offre une prestation haut de gamme inédite sur les rails français.
Le service: 8/10
À l’entrée du quai, le «bonjour» des agents de bord, teinté d’un joli accent italien, nous transporte jusqu’au pays de destination. Présents en nombre (une demi-douzaine dans le train ce jour-là), ils savent néanmoins se faire discrets. Dommage qu’ils ne prêtent pas leur voix aux annonces sonores: c’est un robot qui s’en charge, en français, en italien et en anglais… En classe business, l’équivalent de la première classe des TGV hexagonaux, les hôtes passent avec un chariot et nous proposent une boisson fraîche, une collation et un café. La classe Executive, en voiture 1, fierté de Trenitalia, prévoit un service haut de gamme inédit sur les rails français. Repas offert, boissons à volonté, personnel dédié… Le passager est choyé comme dans la classe business des meilleures compagnies aériennes.
Le confort: 7/10
Avec des voitures spacieuses et lumineuses réparties sur un seul niveau, le confort est globalement supérieur à celui des TGV français. Lors de la réservation, les clients, quelle que soit leur classe (standard, business, executive), sélectionnent leur place sur un plan. Le choix se fait aussi entre une voiture «silenzio», où règne le calme, et une voiture «allegro», où la convivialité est reine. Pour le confort des passagers, le personnel prend à cœur de faire respecter cette distinction. Mais on regrette la quasi-absence de places isolées. Presque toutes, en effet, sont disposées en vis-à-vis ou en carré, imposant un voisinage devant et/ou à côté. Autre bémol: les espaces de rangement, insuffisants et peu adaptés aux bagages volumineux. A contrario, la classe Executive offre un confort ultime avec ses dix fauteuils en cuir qui peuvent pivoter à 180° et être dirigés dans le sens de la marche. Comme l’impression de voyager en jet privé.
Le bar: 6/10
La carte met en avant des spécialités et des marques italiennes. Tous les voyageurs, quelle que soit leur classe, bénéficient gratuitement de la livraison des commandes à la place. Le service est rapide: le menu avec lasagnes, tiramisu, boisson froide et café (14 €) est livré dix minutes après la prise de commande en ligne. L’expresso est excellent, la machine à café italienne du bistro y est pour beaucoup. La voiture-bar est un peu plus étroite: il n’y a ni tables, ni places assises, juste un petit comptoir où peuvent s’accouder trois ou quatre passagers. Les prix sont à peu près les mêmes et la qualité comparable à ceux de la SNCF. Dans tous les cas, mieux vaut ne pas avoir un gros appétit…
Fréquence: 5/10
Deux allers-retours par jour entre Paris, Lyon et Milan, avec un départ de la capitale à 7 h 26 et 15 h 18. Trois rotations quotidiennes seront ajoutées en 2022 entre Paris et Lyon.
Prix et conditions d’annulation: 9/10
Avec un Paris-Lyon vendu à partir de 23 euros en classe standard, 29 € en classe Business et au prix fixe de 139 € en executive, le rapport qualité-prix est imbattable. Du moins pour l’instant. Gardons en tête que ce sont des offres de lancement et que les tarifs évoluent en fonction du taux de remplissage. Les enfants de moins de 15 ans paient moitié prix. Les billets sont modifiables sans frais d’échange jusqu’à une heure après le départ et peuvent être annulés en ligne jusqu’à l’heure du départ avec une retenue de 20 %.
À VOIR AUSSI – oncurrence ferroviaire: Trenitalia se lance sur l’axe Paris-Lyon-Milan
Paris-Lyon: nous avons testé la différence entre la SNCF et Trenitalia added by RichardA on
View all posts by RichardA →
je pense que lorsque vous parlez de 50 millions de passagers il s’agit du trajet Paris -Lyon et non du trajet Paris – Milan.