L’acteur français s’est éteint à 84 ans. Le fils de Pierre Brasseur et de la romancière Odette Joyeux, a reçu deux César pour la comédie Un éléphant ça trompe énormément en 1977 et pour La Guerre des Polices en 1980.
Il pouvait jouer avec la même facilité le facétieux valet Sganarelle du Dom Juan de Molière que le retors ministre Fouché du Souper de Molinaro. Claude Brasseur, comédien de père en fils comme il aimait lui-même se présenter, est mort mardi à 84 ans. «Claude Brasseur est décédé ce jour dans la paix et la sérénité entouré des siens. Il n’a pas été victime du Covid. Il sera inhumé à Paris dans le respect des règles sanitaires et reposera aux côtés de son père, au cimetière du Père-Lachaise à Paris», a annoncé Elisabeth Tanner, à la tête de l’agence Time Art.
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Né Claude Espinasse, héritier d’une illustre dynastie de saltimbanques – depuis son arrière-grand-père Jules Drumont, alias Jules Brasseur, fondateur du théâtre des Nouveautés en 1878 – le filleul de l’écrivain américain Ernest Hemingway, il n’aurait pu rester que le fils de Pierre Brasseur, l’un des plus grands acteurs du cinéma français. Il n’en fut rien. Figure populaire au sens noble du terme du septième art, il aura incarné avec une formidable justesse, bien sûr, le sensible Daniel de l’inséparable quatuor d’amis d’Un éléphant ça trompe énormément et de Nous irons tous au paradis, mais aussi le personnage historique de Fouché, l’ennemi intime de Talleyrand-Claude Rich dans Le Souper (1992), qui mettait en scène les luttes de pouvoir machiavéliques des ministres de la Police et des Affaires étrangères de Napoléon.
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Le feuilleton Vidocq le rend célèbre
Enfant de la balle, paradoxalement, Claude Brasseur hésite au début de carrière entre les planches, le journalisme – il signe quelques articles pour Paris Match – et le bobsleigh. Dans cette discipline seule une méchante blessure l’empêchera de participer aux jeux Olympiques d’hiver de 1964.
Malgré cette indécision de jeunesse, il joue dès 1955 au théâtre dans Judas de Marcel Pagnol. En 1959, il est l’un des jeunes débutants, avec Roger Dumas et Marie-José Nat, élus pour donner la réplique à Jean Gabin dans Rue des Prairies de Denys la Patellière. Le monstre sacré est un copain de son père, Pierre. Il l’observe. Il retient sa façon de dire les dialogues d’Audiard, sa manière de bouger sur un plateau. Cette leçon, il ne l’oubliera jamais.
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Un an plus tard, dans Les Distractions il tourne avec son copain, Jean-Paul Belmondo. Le film n’est pas inoubliable mais les sorties avec Bébel le sont. Un soir, ils achètent des pétards dans une boutique de farces et attrapes. Potaches en diable ils vont les faire exploser sous les fenêtres du réalisateur Jacques Dupont, alors membre de l’OAS, qui croit à un attentat. Les deux comédiens rigolent comme des bossus. Unis par la joie de vivre, leur amitié ne se dénouera jamais.
Malgré des seconds rôles remarquables glanés au cours des années 1960, c’est le petit écran qui le rend célèbre. Après avoir campé magnifiquement Sganarelle face à un Michel Piccoli, parfait lui aussi dans le rôle de Dom Juan, le réalisateur de l’adaptation de la pièce de Molière Marcel Bluwal lui confie le rôle de François Vidocq en 1970. Dans l’habit de ce bagnard devenu un chef de la sûreté aux méthodes aussi efficaces que peu orthodoxes, son abattage fait merveille. Le grand cinéma qui jusqu’alors ne lui a confié que des seconds rôles va enfin commencer à l’employer à sa juste valeur.
En 1974 sur les conseils d’Alain Delon, Georges Lautner lui donne un emploi à sa mesure dans Les Seins de glace. Il interprète un romancier qui retrouve dans la mystérieuse Peggy, incarnée par Mireille Darc, les traits de caractère de l’anti-héroine du scénario de son livre. De son propre aveu, après ce film, qui connaît un joli succès d’estime, le cinéma français pendant treize ans ne lui confiera plus que des premiers rôles.
Deux César et un Paris-Dakar
César du meilleur acteur dans un second rôle l’année suivante avec Un éléphant ça trompe énormément, il reçoit la statuette suprême en 1980 pour son interprétation du commissaire Fush dans La Guerre des polices de Robin Davis, où il retrouve encore une fois son indispensable alter ego Claude Rich, avant le triomphe du Souper. Il incarne également le père de Sophie Marceau dans l’un des plus grands succès commerciaux de l’époque, La Boum. Plus rien ne peut l’arrêter. Il profite de ces années où tout lui réussit pour s’adonner à sa passion pour la course automobile, il remporte le rallye Paris-Dakar comme co-pilote de Jacky Ickx trois ans plus tard, en 1983.
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En 1992, pour le plus grand plaisir du public français, la bande d’Un éléphant se reforme dans Le Bal des casse-pieds. Ils sont tous là, de nouveau sous la direction d’Yves Robert: Victor Lanoux, Guy Bedos et Jean Rochefort et bien sûr Claude, qui est devenu au fil du temps le baladin indispensable de la scène française. Au théâtre il triomphe en jouant du Sacha Guitry avec son fils Alexandre Brasseur dans Mon Père avait raison. Il crée Le Dîner de cons de Francis Veber en 1993 avec le regretté Jacques Villeret dans le rôle de François Pignon.
En 2006, les plus jeunes téléspectateurs vont avoir la chance, à leur tour, d’apprécier tout le talent de Claude Brasseur. Fabien Onteniente le transforme en gentil beauf irascible dans le premier épisode de sa saga Camping. Jacky Pic, marié à Laurette Pic alias Mylène Demongeot, inénarrable abonné de l’emplacement «17» des Flots bleus est un élément indispensable de la veine humoristique du film. Un personnage qu’il aura composé à la perfection comme Sganarelle, comme Fouché, comme Vidocq… pour avoir le droit d’aller retrouver dans un autre monde l’un des plus célèbres Enfants du Paradis, son père adoré, Pierre Brasseur.
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● Les Seins de glace de Georges Lautner en 1974, avec Claude Brasseur, Mireille Darc, Alain Delon…
● Le Souper d’Édouard Molinaro en 1992, d’après la pièce de Jean-Claude Brisville, avec Claude Brasseur, Claude Rich, Ticky Holgado…
● Les Enfants du paradis de Marcel Carné, scénario de Jacques Prévert, en 1945, avec Arletty, Maria Casarès, Pierre Brasseur, Jean-Louis Barrault…
Les grandes dates de Claude Brasseur
1936 : naissance à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
1964 : accident de bobsleigh alors qu’il était sélectionné, avec son équipe, pour les JO d’hiver d’Innsbruck
1971 : joue Vidocq pour la télévision, de Marcel Bluwal.
1977 : César du meilleur acteur dans un second rôle pour Un éléphant, ça trompe énormément d’Yves Robert
1980 : César du meilleur rôle pour La Guerre des polices de Robin Davies
1980 : La Boum de Claude Pinoteau.
1983 : remporte comme co-pilote le rallye Paris-Dakar.
1993 : Le Dîner de cons de Francis Veber (théâtre)
2003 : joue le policier Franck Keller dans une série télévisée à succès.
2006: Camping de Fabien Onteniente
2020: Décès à l’âge de 84 ans
Source:© Mort de Claude Brasseur, le comédien de tous les rôles
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