Mettre son épargne au service d’une entreprise raccord avec ses valeurs

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Envie de soutenir une ferme bio ? Une structure solidaire logeant des personnes en difficulté ? Un lancement de lessive verte ? Deux options pour aider directement des entreprises qui vous « parlent » : acheter des titres ou leur prêter de l’argent.

Loin des marchés financiers ou des fonds d’investissement, l’épargnant qui souhaite colorer ses économies de durabilité, d’éthique ou de vert peut décider de choisir lui-même des entreprises non cotées en Bourse qui répondent à ses exigences, pour y investir en direct. Elles sont en effet nombreuses à accueillir l’épargne des particuliers pour mener à bien leurs activités.

Les deux options les plus courantes : leur prêter de l’argent ou entrer à leur capital. Dans les deux cas, on peut investir à partir de quelques dizaines ou centaines d’euros.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Comment donner du sens à ses placements

Autant le préciser d’emblée : ce n’est pas un investissement anodin. Il s’effectue en actions (on achète une fraction du capital de l’entreprise) ou en obligations (l’équivalent d’un prêt). Et fait donc supporter un risque de perte de capital en cas de défaillance de l’entreprise. Pour réduire ce risque, il faut répartir son argent entre plusieurs projets. Et bien examiner, avant de se lancer, le bilan de santé de l’entreprise, la nature des desseins, le sérieux des dirigeants. Pas évident de miser sur le bon cheval.

La piste des entreprises solidaires

Comment trouver des entreprises en quête de financement ? Parmi les possibilités : opter pour une des structures solidaires labellisées par Finansol qui font appel, sans intermédiaire, aux investisseurs faisant passer la plus-value sociale ou environnementale avant le gain financier – elles sont une trentaine à ouvrir leur capital.

Habitat et humanisme le fait ainsi régulièrement pour sa société foncière, qui utilise ces ressources pour acheter des logements de qualité mis à disposition de familles exclues. Ces capitaux propres lui permettent de décrocher des financements publics, qui viennent amplifier ses possibilités d’acquisition.

La plus-value n’est souvent « que » sociale, sociétale ou environnementale, nombre des entreprises solidaires concernées ne laissent aucun espoir de rentabilité

Dans un autre domaine, la foncière Terre de liens utilise les capitaux apportés pour acheter des terres agricoles et les confier ensuite à de jeunes exploitants engagés dans des modes de production durable. Sur le terrain de la solidarité avec les pays en voie de développement, Microfinance solidaire lève des capitaux pour les prêter via des organismes de micro-prêts.

Pour investir dans ces entreprises solidaires, il faut les contacter directement via leur site Internet et remplir un dossier. Les souscripteurs bénéficient en général d’une réduction d’impôt sur le revenu représentant 18 % du montant investi.

Attention, la plus-value n’est souvent « que » sociale, sociétale ou environnementale, nombre des entreprises solidaires concernées ne laissent aucun espoir de rentabilité en espèces sonnantes et trébuchantes, en termes ni de rendement annuel, ni de gain à la revente (ou très peu).161 millions

C’est, en euros, la hausse, sur l’année 2019, du montant investi directement dans des entreprises solidaires labellisées par Finansol, selon les chiffres publiés en juin par l’association du même nom, qui promeut la solidarité dans la finance et l’épargne. L’encours de ces placements est ainsi passé de 651 millions d’euros fin 2018 à 812 millions d’euros sur un an, soit un bond de 24,7 %. Et a quasiment doublé en six ans. Près de 95 % de cet encours (770 millions d’euros au 31 décembre 2019) est constitué d’investissements réalisés spécifiquement via l’achat d’actions non cotées.

L’option financement participatif

Autre possibilité : passer par une des plates-formes de financement participatif. L’intérêt : elles présélectionnent pour vous des entreprises en mal de fonds propres. Si nombre d’opérateurs classiques du crowdfunding financent des entreprises très conventionnelles, certains se sont positionnés sur des créneaux plus durables. C’est le cas de Lita.co, seule plate-forme agréée solidaire par Finansol. Elle propose d’investir, via des actions ou obligations là aussi, dans des entités à fort impact social, sociétal ou environnemental.

« Nous permettons à des associations, coopératives et entreprises de lever des fonds pour des montants allant généralement de 150 000 euros à 5 millions d’euros, explique Eva Sadoun, présidente de Lita.co. Elles savent que nous rassemblons des investisseurs ayant des visées éthiques, mais que nous pouvons aussi les accompagner vers un club de business angels partageant ces objectifs ou faire appel à des investisseurs institutionnels. »Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Verte, éthique, durable… petit lexique de la finance dite « responsable »

De la lessive écologique en kit, des commerces nouvelle génération pour redynamiser les zones rurales, une marque de mode écoresponsable collaborative : des projets variés sont actuellement en attente d’investisseurs sur cette plate-forme. Quelle que soit leur taille, les organismes en mal de financement doivent passer le filtre de la sélection : seuls les projets solides sont retenus.

Pour quelle rentabilité ? Pour un investissement en actions, aucun dividende n’est garanti ; seule une plus-value à la revente est envisageable, si l’entreprise s’est développée et valorisée. Pour des obligations, le rendement annuel se situe souvent entre 3 % et 4 % s’il s’agit de financer des entreprises déjà établies, mais peut grimper à 7 % pour des projets de développement, plus risqués. Comme quoi, on peut faire un bon placement tout en donnant du sens à son épargne.

Miser sur l’énergie ou l’agriculture « vertes »

Via la finance participative, toujours, il est aussi possible de diriger son argent vers le développement des énergies renouvelables en investissant dans la construction de parcs éoliens, de fermes solaires, d’unités de méthanisation dans l’agriculture. Des plates-formes comme Enerfip ou Lendosphere sélectionnent régulièrement des projets et les présentent au public.

La plupart de ces investissements s’effectuent là aussi via des obligations, avec un rendement annuel de 4 % à 5 % pour des durées moyennes de détention dequatre ans.

« Ce secteur n’est pas impacté par la crise sanitaire et nous ne notons aucun retard ou défaut sur les projets déjà financés », précise Laure Verhaeghe, cofondatrice de Lendosphere.

Alternative pour qui s’intéresse aux énergies renouvelables : souscrire des actions d’Energie partagée, qui investit en fonds propres dans des projets dans toute la France – vous ne choisissez certes pas directement votre cheval mais bénéficiez d’une mutualisation du risque.Lire aussi  Le financement participatif séduit de plus en plus de Français

Certaines plates-formes de financement participatif, comme AgriLend ou MiiMOSA, sont par ailleurs spécialisées dans l’agriculture et les projets liés à l’agroalimentaire, avec le développement durable en toile de fond. Pour investir dans les oliviers bios, le vin naturel ou un magasin de vrac alimentaire…

Atout de ces investissements participatifs : ils sont souvent sans frais. Sauf chez Lita.co, qui prélève au maximum 3 % sur l’épargne investie, les coûts de la plate-forme sont pris en charge par les entreprises levant les fonds.

Eric Leroux

Source: ©Mettre son épargne au service d’une entreprise raccord avec ses valeurs

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