Le président français Emmanuel Macron a adopté la mauvaise approche au Liban, ne réussissant pas à affirmer l’influence française pour faire pression sur l’Iran pour qu’il désarme le Hezbollah et provoque un réel changement.
Rien ne montre mieux l’ineptie de la diplomatie française au Liban que Macron disant à Politico que, s’il avait insisté pour que le candidat populaire Nawaf Salam devienne le nouveau Premier ministre du Liban, la France aurait sapé le mandat de Salam «parce que nous l’avons mis dans un système dans lequel le parlement bloquait tout. »
Watch: French President Emmanuel #Macron says #Lebanon’s embattled leaders have pledged to form a crisis cabinet within two weeks to push forward with key reforms, as he visits the disaster-hit country.https://t.co/tqolZU1EFn pic.twitter.com/xNPZbBxWgB
— Al Arabiya English (@AlArabiya_Eng) September 2, 2020
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Macron semble ignorer le principe de base de la diplomatie: parlez doucement et portez un gros bâton. Au Moyen-Orient, Macron ne propose pas une stratégie cohérente qui lui donne assez de carottes et de bâtons pour mener sa diplomatie. Même les sanctions contre les dirigeants libanais sont un outil américain.
En fait, le président français avait renoncé à son influence bien avant l’explosion du port de Beyrouth, qui a provoqué un éclat soudain d’intérêt français pour le Liban. À ce moment-là, il était de notoriété publique que les décisions de Beyrouth sont prises à Téhéran. Pourtant, au lieu de formuler une politique qui négocie avec l’Iran pour un Liban indépendant – tirant parti du besoin de Téhéran du soutien de la France à l’accord nucléaire iranien pour des concessions au Liban – Macron a supposé à tort que le Liban pouvait être fixé indépendamment comme un État normal.
Comme la Grande-Bretagne et l’Allemagne, la France a approuvé une politique d’apaisement envers le régime de Téhéran. Lorsque le président américain Donald Trump a demandé que des changements soient apportés à l’accord nucléaire iranien, les Européens ont lancé un effort de médiation qui s’est effondré sous le refus iranien de rendre permanentes les clauses d’extinction. Lorsque l’Amérique a réimposé des sanctions unilatérales contre l’Iran, la France et les Européens ont esquivé.
Puis vint l’expiration de l’embargo sur les armes de l’ONU contre l’Iran. Les Européens ont soutenu l’Amérique sur la nécessité de prolonger l’embargo à l’ONU, mais lorsque Washington a présenté une résolution à cet effet avant le Conseil de sécurité, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne ont voté contre .
Pour une raison ou une autre, peut-être des contrats lucratifs (comme le développement du champ pétrolier iranien de Pars par la société pétrolière et gazière française Total, abandonné après que Trump a réimposé les sanctions américaines), la France préfère apaiser l’Iran plutôt que d’affronter ses activités déstabilisantes au Moyen-Orient. , en particulier au Liban. Lorsque Paris concède son influence sur l’Iran, il perd son pouvoir au Liban. Macron avait raison. Avec sa main faible, tout ce qu’il pouvait offrir, c’était de longues conversations.

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) et le président iranien Hassan Rohani se serrent la main après une réunion au siège des Nations Unies le 23 septembre 2019 à New York. (AFP)
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Macron s’est éloigné de la vraie réforme requise pour sauver le Liban – désarmer le Hezbollah . Le président français a justifié d’éviter ce sujet en disant qu’il s’opposait à tout ce qui conduirait à une escalade militaire, la même excuse donnée par les apologistes iraniens à Washington, qui s’opposent à autre chose que des concessions à l’Iran sur la base de l’hypothèse erronée que tordre le bras de l’Iran mènera certainement à la guerre. .
Désarmer le Hezbollah est impossible avec la guerre, et uniquement possible grâce au consensus libanais malgré l’opposition du Hezbollah. Chaque fois que la classe dirigeante du Liban parlait d’une seule voix, elle réalisait ce qui semblait auparavant impossible, comme l’expulsion des milices palestiniennes en 1982 et des troupes syriennes en 2005.
Pour couvrir sa faiblesse et le fait qu’il ne faisait que donner une bonne tournure à une politique iranienne par ailleurs mauvaise au Liban, Macron a souligné le côté culturel de sa visite. Le président français a donc rencontré la diva chanteuse libanaise Fairouz et l’a décorée d’une médaille française. Il a également rencontré des manifestants et pris de superbes photos.
الرابية ٣١ آب ٢٠٢٠
© Soazig de la Moissonniere / Présidence de la République pic.twitter.com/4TgGmKmrNY— Fayrouz (@FayrouzOfficial) September 1, 2020
A Paris, les intellectuels ont sauté dans le train de Macron. L’historien Henry Laurens a déclaré au journal français Le Monde que si le Liban était «toujours important à cause du Hezbollah», il a soutenu que la milice soutenue par l’Iran n’était «plus une priorité car, entre-temps, l’Irak et la Syrie se sont effondrés». Laurens n’a pas remarqué que «l’effondrement» en Irak, en Syrie et au Liban était dû exactement à la même raison: que l’Iran domine ces pays avec ses milices par procuration.
Laurens a déclaré que les raisons de la France de se soucier du Liban étaient «plus sentimentales qu’autre chose», une déclaration qui ne convient pas à un historien qui sait que la politique étrangère concerne les intérêts plutôt que les sentiments.
Le Liban a besoin d’aide et l’attention de Macron est la bienvenue. Mais une aide est nécessaire pour un changement fondamental qui inclut le désarmement du Hezbollah, une tâche gargantuesque qui n’est possible qu’en convaincant la classe dirigeante que le parti ne peut plus protéger sa corruption, mais la fera plutôt tomber avec elle sous la pression et les sanctions internationales. Une fois que les oligarques se sont ligués contre le Hezbollah et l’ont coulé, la reconstruction du Liban à partir de zéro, y compris sur les plans constitutionnel, fiscal et financier, devient possible.
Sinon, en exigeant des élections anticipées, dans un pays où une milice peut imposer des résultats en sa faveur, Macron rend service au Hezbollah en blanchissant un système défaillant.
L’attention que le président de la France a portée au Liban s’est d’abord sentie prometteuse. Mais lors de son deuxième voyage, Macron semblait avoir peu de politique et d’influence et beaucoup de discussions visant à améliorer davantage la même apparence.
La visite de Macron au Liban a certes emmené les Libanais dans un passé nostalgique, mais ne leur a pas offert d’avenir prometteur.
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La tentative du Liban de revenir vers la neutralité s’est heurtée à la résistance du Hezbollah
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Macron pouvait faire pression sur l’Iran pour qu’il désarme le Hezbollah, mais au lieu de cela, il s’est montré faible added by RichardA on
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Macron a bafoué la mémoire des 58 soldats du Drakkar et de l’ambassadeur de France Louis Delamare.
En plus de l’erreur géopolitique pointée par cet excellent article, il s’agit d’une grave erreur morale.