
Alors que François Baroin, comme prévu, n’a pas dévoilé ses intentions, la droite cherche des réponses.
Les Républicains ont clos leur université d’été, ce week-end, au Port-Marly, avec plus de questions encore qu’ils n’en avaient au départ. «J’ai rarement vu aussi peu clair», lâche un membre de la direction, inquiet que le parti «entre dans une zone de grandes turbulences». «Je suis, par construction, par mon parcours aussi, un homme de combat», a répliqué à la tribune le président des Républicains, Christian Jacob, voulant croire au «sursaut d’une droite moderne, ouverte et résolument tournée vers l’avenir».
L’article du Figaro «Pourquoi François Baroin ne sera pas candidat» a semé le trouble au Port-Marly. Si beaucoup le pressentaient, tous attendaient des réponses du maire de Troyes. Venu parler de«République et réussites», François Baroin a répété qu’il ne dévierait pas de son calendrier, en donnant sa réponse à l’automne. Une volonté de ne pas gâcher la rentrée de son ami Christian Jacob.
Mais son discours devant une salle conquise et qui espérait qu’il fasse connaître ses intentions n’a pas rassuré les troupes. «Est-ce qu’une réussite, c’est réussir dans la vie, ou réussir sa vie? C’est plutôt quand même réussir sa vie», a-t-il glissé, vantant «la liberté de pouvoir écrire son histoire de la manière dont on l’imaginait. Ce sera ça, la réussite.»
Ces propos ont résonné pour beaucoup comme les prémices de son annonce. «Peu importe l’histoire que nous aurons à vivre dans les semaines, mois et années à venir ; de toute façon, je serai à vos côtés», a-t-il expliqué, visiblement touché par les applaudissements d’une salle debout.
Alors que la droite a toujours su se rassembler derrière un chef, elle cherche aujourd’hui son leader
Si beaucoup, à LR, espéraient sa candidature, c’est qu’elle pouvait aussi faire taire les nombreuses ambitions présidentielles qui commencent à se dessiner. Alors que la droite a toujours su se rassembler derrière un chef, elle cherche aujourd’hui son leader. Entre Bruno Retailleau, qui ne cache plus ses intentions d’être candidat à la présidentielle, Rachida Dati, qui, samedi dans nos colonnes, rappelait «ce qu’(elle) peut apporter à cette élection», Valérie Pécresse – présente au Port-Marly -, qui juge «le temps peut-être venu de faire entendre la voix d’une femme libre», et Xavier Bertrand, qui a déjà annoncé sa présence sur la ligne de départ, sauf défaite aux régionales, la liste ne cesse de s’allonger.
D’où la question d’un «système de départage», selon l’expression de Gérard Larcher, entre les futurs candidats pour éviter la bataille des ego. «Je ne laisserai pas faire n’importe quoi, ou ce sera sans moi!», a averti le président du Sénat, en appelant LR à «méditer cette formule dans les mois qui viennent: “Tous pour un, un pour tous!”» Une référence locale à Alexandre Dumas et son château de Monte-Cristo au Port-Marly.
Mardi, les membres de la direction se retrouveront pour un comité stratégique à 9 heures. L’occasion de parler de la primaire et de son calendrier pour présenter un adversaire face à Emmanuel Macron. «Nous ne devons pas nous résoudre à ce que des Français, sincèrement de droite, en soient réduits à choisir entre En marche! et le Rassemblement national», a répété Christian Jacob, ironisant sur l’idée que «M. Macron serait de droite».
Des propos partagés par l’ensemble des élus LR présents au Port-Marly alors qu’Emmanuel Macron continue de vouloir séduire la droite en préparant une coalition. «Macron occupe notre espace par les mots, mais les Français font la différence entre les mots forts et les actes faibles. Il n’est pas question de tomber dans un face-à-face LREM-RN en 2022», faisait valoir, samedi, le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau.
Nouveaux départs
Si Christian Estrosi avait appelé, mardi dans Le Figaro , à se ranger derrière le chef de l’État, nombre d’élus Républicains, inquiets de nouveaux départs comme le parti en a connu il y a trois ans, ont été soulagés à la lecture du sondage Ifop pour le JDD : 65 % des Français sont opposés à un soutien de la droite à Emmanuel Macron pour l’élection présidentielle de 2022. «Non, la droite républicaine n’est pas en train de disparaître», a martelé le jeune secrétaire général du parti Aurélien Pradié, au Port-Marly. «Je suis convaincu que le temps de la récolte viendra. Et c’est un paysan qui vous parle!», a souri Christian Jacob.
Au Port-Marly, François-Xavier Bellamy, président du groupe LR au Parlement européen, soulignait néanmoins l’urgence de la clarté. «On est passés devant notre responsabilité consistant à nous donner un cap et un candidat, mais, maintenant, il faut aller vite. La droite ne peut pas s’offrir six mois de plus d’incertitudes», confie-t-il au Figaro.
C’est désormais la question du temps que les Républicains doivent gérer. Entre les regrets des uns et les impatiences des autres, Christian Jacob sait qu’il va devoir tenir l’équilibre. Le président des Républicains entend finir le travail de fond entamé par la direction avant de trancher la question de l’incarnation, au lendemain des régionales de mars 2021. Une question qui en appelle désormais beaucoup d’autres.
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