Le temps d’un week-end, dialogue et affrontement à distance entre LFI et EELV

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Les deux formations réunissaient, entre jeudi et dimanche, leurs universités d’été. Jean-Luc Mélenchon prendra sa décision, quant à une éventuelle candidature à la présidentielle, en octobre.

Oubliez la finale de la Ligue des champions qui verra s’affronter, dimanche 23 août, le PSG et le Bayern Munich. La vraie confrontation de ce week-end était politique et se passait à gauche. Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et La France insoumise (LFI) réunissaient depuis jeudi – la première à Pantin (Seine-Saint-Denis), la seconde à Chateauneuf-sur-Isère (Drôme) – leurs universités d’été. Cela a été l’occasion d’un duel à distance entre les deux formations qui veulent toutes deux incarner l’opposition à Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle de 2022.

Les écologistes ont eu de la chance. Le ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, a été invité samedi soir chez EELV pour « débattre, pas pour [se] battre » après la polémique suscitée par la préface qu’il a écrite au livre du président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, où l’avocat pénaliste qualifiait, entre autres qualificatifs péjoratifs, les écologistes d’« ayatollahs ». Accueilli par les protestations des militantes féministes, le garde des sceaux a ensuite débattu avec Julien Bayou et Sandra Regol devant une salle loin d’être acquise.

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L’essentiel était ailleurs : par sa venue, M. Dupond-Moretti a installé EELV comme l’un des principaux opposants à l’exécutif actuel. Les Verts n’en demandaient pas tant, surtout que leurs « journées d’été » ont été accaparées par un débat interne (fort peu passionnant) sur le calendrier pour la désignation du futur candidat à l’élection présidentielle de 2022 où se profile, en filigrane, le duel futur entre Yannick Jadot et Eric Piolle, le maire de Grenoble, tous deux prétendants à l’investiture.

Une probable troisième candidature à la présidentielle

Le leader de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, lors de son discours-fleuve en clôture des « amphis d’été » de son mouvement, près de Valence, dans la Drôme, dimanche 23 août.

Côté « insoumis », en tout cas, on se réjouissait des divisions internes des écologistes, tout se félicitant de la réussite des « amfis » (le nom officiel de leurs universités d’été) et de l’affluence « inattendue » à ceux-ci. Preuve, pour eux, que le mouvement populiste de gauche n’est en rien « isolé » et, surtout, qu’il reste incontournable. Et si certains pensaient que Jean-Luc Mélenchon allait déclarer officiellement sa candidature, ils en ont été pour leurs frais. Le parlementaire estime que ce n’est pas le moment de « désigner un candidat quand les gens meurent de peur ». Il a simplement annoncé que la décision serait prise en octobre. Cependant, tout amène à penser qu’il devrait rempiler une troisième fois.

Au long de ce week-end, M. Mélenchon a ainsi tout fait pour montrer sa volonté de dialogue avec les éventuels partenaires de sa « fédération populaire » qui doit être le creuset de sa campagne. Vendredi, il s’affichait avec Eric Piolle. Le lendemain, avec le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, et la porte-parole de l’association altermondialiste Attac, Aurélie Trouvé.

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« On ne fait pas de compromis avec un système qui nous met en danger mortel : il faut une rupture avec cet ordre du monde »

D’ailleurs, les nombreux militants venus assister dimanche au discours de Jean-Luc Mélenchon le savaient : ils écoutaient un « présidentiable ». La preuve ? Une référence au discours d’Epinay (1971) de François Mitterrand et de sa fameuse phrase : « La révolution, c’est d’abord une rupture avec l’ordre établi. » Dimanche, l’ancien socialiste a ainsi estimé que « le système du néolibéralisme et du capitalisme ont failli. On ne fait pas de compromis avec un système qui nous met en danger mortel : il faut une rupture avec cet ordre du monde. »

M. Mélenchon a annoncé que leur programme du mouvement L’Avenir en commun sera totalement mis à jour d’ici le mois de novembre, date de la prochaine convention du mouvement mélenchoniste. « Evidemment, nous sommes toujours prêts à discuter avec tout le monde. Nous demandons à être respectés. Je suis conscient de la singularité de ma place. Je sais que j’ai une responsabilité particulière », a-t-il éludé.

« Nous ne croyons pas au capitalisme vert »

Voulant prendre de la hauteur, Jean-Luc Mélenchon a longuement développé son analyse des multiples crises actuelles (en matière environnementale, sanitaire, économique, sociale et de relations internationales). Il a plaidé pour des « mesures de survie » qui ne relèvent pas de « l’idéologie », comme la relocalisation de l’économie, la réquisition et la nationalisation de certaines entreprises stratégiques.

Il a également insisté sur la nature « révolutionnaire », « républicaine et démocrate » de son combat. « Nous sommes le mouvement de la conflictualité, nous voulons rompre des certitudes, nous sommes hostiles à ce monde, à ces valeurs pourries, à ces rapports sociaux dégradés », a-t-il martelé. Il assure ne pas vouloir « créer un parti révolutionnaire mais un peuple révolutionnaire ». Non pas « une avant-garde, mais des éclaireurs et éclaireuses. » Pour M. Mélenchon, la mission de LFI est celle d’un mouvement d’« éducation populaire de masse » qui doit s’impliquer « dans les mécanismes d’entraide et les solidarités », mettre en avant des « causes communes ».

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Malgré tout, Jean-Luc Mélenchon a adressé une petite pique à Yannick Jadot, qu’il estime être favorable à une sorte de libéralisme écologique. « Nous croyons à l’Etat, pas au capitalisme vert. Pas à cause du vert, mais du capitalisme ! » Un candidat (officiel) à la présidentielle n’aurait pas fait autrement vis-à-vis d’un concurrent.

Source:© Le temps d’un week-end, dialogue et affrontement à distance entre LFI et EELV

 

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