
Les sondages donnent les Français largement favorables à l’instauration d’une VIe République. Un débat devenu aujourd’hui «légitime».
Lors de la dernière présidentielle, plusieurs
sondages ont interrogé les Français sur l’instauration d’une
VIe République. À chaque fois, la réponse a été assez largement
favorable. Dans notre sondage Odoxa, ils sont d’ailleurs 56 % à n’être
«pas attachés» à la Ve. «Le débat est devenu légitime,
aujourd’hui plus que jamais», note Paul Alliès, professeur émérite à
l’université de Montpellier et président de la Convention pour la
VIe République. «Il faut pourtant se souvenir des ricanements publics
lorsque Arnaud Montebourg, jeune parlementaire, a mis ce sujet sur la
table en 2001.» Paul Alliès était alors auprès de lui. «Personne ne nous
prenait au sérieux et surtout pas au PS, le parti de Montebourg.»
«Le régime primo-ministériel mettrait fin aux pouvoirs envahissants d’un chef de l’État sur qui tout repose»Paul Alliès, professeur émérite à l’université de Montpellier et président de la Convention pour la 6e République
En 2007, François Bayrou se dit favorable à la VIe République, avec
un renforcement des pouvoirs du président mais aussi du Parlement. Alors
même qu’à gauche les défenseurs de la VIe République sont plutôt
favorables à l’effacement du rôle du président, au profit du premier
ministre et du Parlement. «Le régime primo-ministériel mettrait fin aux
pouvoirs envahissants d’un chef de l’État sur qui tout repose», défend
Alliès. «Ce serait aussi s’aligner sur le mode de fonctionnement des
autres pays européens, sans forcément se priver d’une élection du
président de la République au suffrage universel.»
En France aujourd’hui, un mouvement incarne cette volonté de VIe République, celui de Jean-Luc Mélenchon.
Depuis dix ans, ce dernier ne cesse de dénoncer la «monarchie
présidentielle» et réclame la convocation d’une assemblée constituante.
Il propose une seule chambre, avec un gouvernement responsable devant
elle, et vante la possibilité de révoquer les élus durant leurs mandats.
Au sein du PS, l’eurodéputé Emmanuel Maurel est un autre défenseur de
la VIe. Il prône «une révolution institutionnelle» pour en finir avec un
président «aux prérogatives immenses mais irresponsable politiquement»
et un Parlement «systématiquement rabaissé». «Vu la façon dont la
situation politique se délite, il ne faut pas exclure une crise de
régime avant la fin du quinquennat…», pointe-t-il.
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Journaliste politique, en charge du PS, des écologistes et de la gauche radicale. Un peu de collectivités locales aussi.
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