Jordan Bardella: «Les magistrats ne protègent plus la société»

Home»A LA UNE»Jordan Bardella: «Les magistrats ne protègent plus la société»

ENTRETIEN – À l’occasion de la rentrée politique du RN, ce week-end à Fréjus (Var), le vice-président annonce qu’il ne sera pas candidat aux prochaines élections régionales.

LE FIGARO. – Cet été a été le théâtre de nombreux faits divers violents. Où l’État régalien pêche-t-il?

Jordan BARDELLA. – Le vrai problème, c’est la justice. Elle est aujourd’hui noyautée par une idéologie d’extrême gauche et vérolée par une culture de l’excuse. Une partie des magistrats se placent systématiquement du côté des agresseurs plutôt que de celui des agressés. Ils ne protègent plus la société. Je ne crois pas que la nomination de M. Dupond-Moretti soit de nature à changer les choses. Cette semaine encore, il s’est dit choqué par l’utilisation du terme d’«ensauvagement» qui ne relèverait, selon lui, que d’un «sentiment» .

Les faits qui se sont succédé cet été ne sont pas des sentiments. Ce sont des violences de plus en plus lourdes, barbares. Le garde des Sceaux est, de plus, favorable à la poursuite des libérations préventives qu’avait instaurées, en catimini, Mme Belloubet durant le confinement. Un dispositif qui a abouti à la libération d’un peu plus de 13.000 détenus… Si le gouvernement veut faire de la place dans les prisons, je rappelle que 23 % des détenus sont de nationalité étrangère. Nous proposons de rétablir la double peine supprimée par Nicolas Sarkozy, de rétablir les peines planchers comme d’abaisser la majorité pénale à 16 ans.

Le premier ministre vient de présenter un plan de relance inédit. L’équilibre entre prévention sanitaire et aide à l’économie vous paraît-il le bon?

D’une manière générale, le pays doit redémarrer et les entreprises être soutenues. Il vaut mieux un port du masque individuel temporairement plutôt qu’un confinement généralisé mettant à l’arrêt l’activité économique. Nous pouvons regretter que des mesures concrètes en faveur du pouvoir d’achat, ainsi qu’une exonération totale de charges pour toutes les TPE-PME fragilisées, soient les grandes oubliées de ce plan de relance. C’était pourtant les deux principales attentes des Français. L’enveloppe prévue pour la recapitalisation des entreprises et les apports en fonds propres est sous-dimensionnée. La baisse d’une partie des impôts de production va naturellement dans le bon sens, même si nous aurions pu aller plus loin pour mettre progressivement fin à ces impôts absurdes qui nuisent à notre industrie.

L’axe stratégique sur lequel nous ferons campagne est celui des localistes contre les globalistes

Jordan Bardella

Les six prochains mois seront marqués par trois élections, les dernières avant la présidentielle. Quelles seront vos ambitions?

Les élections départementales et régionales seront les derniers arrêts au stand avant l’arrivée de la course en 2022. L’enjeu pour nous est de crédibiliser le programme du Rassemblement national et de faire émerger des personnalités nouvelles. Comme lors des élections passées, nous enregistrerons de nouveaux ralliements. Notre objectif est d’être présent sur tout le territoire, de remporter des départements – comme le Pas-de-Calais ou les Pyrénées-Orientales – et évidemment des régions, comme les Hauts-de-France, l’Occitanie ou la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’axe stratégique sur lequel nous ferons campagne est celui des localistes contre les globalistes. Les derniers mouvements de mobilisation populaire, les «gilets jaunes» notamment, ont créé une aspiration croissante des Français pour le local. Or, nous sommes le parti de la proximité.

Les écologistes sont-ils à vos yeux une menace, y compris pour 2022?

Non, je ne le crois pas. La dernière fois que les écologistes ont réalisé une poussée électorale, c’était aux européennes de 2009. Ils ont obtenu moins de 3 % à la présidentielle suivante. Europe-Écologie-Les Verts est un parti appartenant au gauchisme culturel, porteur d’une idéologie immigrationniste et communautariste. Il existe une réelle préoccupation environnementale chez nos compatriotes. Mais les véritables défenseurs de l’écologie, c’est nous! Nous avons toujours défendu la proximité et toujours combattu les accords de libre-échange. Contrairement aux globalistes et à l’Union européenne qui organisent le grand déménagement du monde responsable de la pression environnementale.

Vous avez été nommé directeur de campagne des régionales, serez-vous candidat?

Non, je ne serai pas candidat. C’est le propre des petits partis que les mêmes soient systématiquement candidats à tout. Nous souhaitons aujourd’hui faire émerger de nouvelles figures et accorder à d’autres la chance qui m’a été donnée lors des européennes. Je conduirai cette campagne aux côtés de nos candidats, en allant les soutenir partout en France. Si le contexte sanitaire le permet, nous entamerons prochainement avec Marine Le Pen une grande tournée des territoires.

Comment allez-vous financer ces prochaines élections?

Les finances du mouvement ont été assainies. Reste, en effet, le souci du financement de nos campagnes électorales, puisque le système bancaire ne joue pas le jeu et refuse de nous prêter. Lors des européennes, nous avons fait le choix de nous tourner vers les Français pour financer notre campagne. Il est probable que nous ayons recours à ce même dispositif pour les élections départementales et régionales. D’ici la présidentielle, le RN doit également optimiser son fonctionnement. Aucun licenciement n’est prévu pour l’instant. Mais nous comptons déménager notre siège de Nanterre d’ici à la fin de l’année pour nous installer dans la capitale. Et ainsi nous rapprocher, logistiquement, du pouvoir et de l’Élysée.

 

Source:© Jordan Bardella: «Les magistrats ne protègent plus la société»

Comments are closed.

Social Media Auto Publish Powered By : XYZScripts.com
fr_FRFrançais