«Gilets jaunes» : le mouvement gagne paysans et lycéens

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La FNSEA appelle ses troupes à se joindre aux manifestations, tandis que 200 lycées étaient bloqués mardi.

Jusqu’à maintenant, certains agriculteurs se joignaient aux «gilets jaunes» mais sans signe distinctif. La donne est train de changer: les paysans s’apprêtent à descendre dans la rue. Premier syndicat agricole, la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) a lancé en interne, lundi, auprès de ses fédérations départementales, «un appel à la mobilisation nationale, la semaine prochaine, indiquait mardi une représentante du syndicat dans l’Aveyron. Les modalités et le mot d’ordre seront connus ce mercredi à l’issue du bureau national de la FNSEA».

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Sans
attendre, certains départements comme celui de la Mayenne sont déjà
dans les starting-blocks. «Si le mot d’ordre est national, les actions
se décideront au niveau départemental, explique Philippe Jehan,
président de la FNSEA en Mayenne. Nous aurons deux cibles prioritaires:
l’État et les grandes surfaces. Les agriculteurs pourront venir avec ou
sans leur gilet jaune», ajoute-t-il. Le mouvement devrait être largement
suivi par la base. «Même si je ne suis plus syndiqué, je suis prêt à
venir avec mon tracteur. Nous ne pouvons plus vivre dignement de notre
métier et avons du mal à assumer nos fins de mois», déplore un
producteur laitier.

«Nous nous retrouvons dans de
nombreuses revendications des “gilets jaunes” : il faut plus de justice
fiscale, une meilleure répartition des revenus»

Outre la question des prix de vente, les raisons de la colère
agricole, à l’instar de celles des «gilets jaunes», sont nombreuses.
Multiplication des normes, hausse des charges et des prélèvements
sociaux, agribashing sur le bien-être animal ou les traitements
phytosanitaires… Le ras-le-bol des paysans atteint un niveau jamais
égalé auparavant. «C’est pour défendre la vitalité du monde rural que
dans de nombreux départements, on se mobilise déjà avec les “gilets
jaunes”», remarque Véronique Le Floc’h, secrétaire générale de la
Coordination rurale (CR), deuxième syndicat agricole tricolore. «Nous
attendrons de connaître les actions de la FNSEA pour voir si nous nous
joignons ou non au mouvement», poursuit Olivier Chemin, président de la
CR en Mayenne. Pour sa part, la Confédération paysanne, troisième sur
l’échiquier syndical agricole, a pris position mardi. «Nous laissons à
nos organisations départementales le choix de rejoindre le mouvement de
la FNSEA, indique Laurent Pinatel, porte-parole de l’organisation. Nous
nous retrouvons dans de nombreuses revendications des “gilets jaunes”:
il faut plus de justice fiscale, une meilleure répartition des revenus.»

Reste
que les agriculteurs ne sont pas les seuls à vouloir profiter du vent
de colère que font souffler les «gilets jaunes». Étudiants et lycéens y
voient une chance inespérée de faire entendre leurs revendications
éparses. Les premiers protestent contre la hausse des frais
d’inscription pour les étudiants étrangers. Les seconds s’élèvent entre
autres contre la réforme du bac et la suppression de postes de
professeurs dans le secondaire.

«Même s’il y a des gens qu’on n’aime pas dans ces cortèges, il faut qu’on se transforme en “gilets jaunes” coûte que coûte»

Mardi, 200 lycées étaient encore bloqués, un chiffre à peu près
équivalent à celui de lundi. Des incidents ont touché tout le
territoire, sans blessé grave pour le moment. À Blagnac, des lycéens ont mis le feu à leur hall d’entrée
dans un chaos total. En région parisienne, 21 lycées de
Seine-Saint-Denis étaient bloqués. Des voitures, des poubelles, des
chariots de supermarché ont été incendiés. Dans le Val-d’Oise, 97
personnes ont été placées en garde à vue après des heurts à proximité de
15 lycées. A Enghien-les-Bains, le lycée Gustave-Monod a été victime
d’une «tentative d’incendie» lors d’une manifestation qui a rassemblé
quelque 200 jeunes. À Dunkerque, ils étaient 1.200. «La grogne nationale
des “gilets jaunes” nous permet de faire entendre nos voix», se réjouit
Louis Boyard, le président de l’Union nationale lycéenne (UNL) qui
appelle à manifester de nouveau le 7 décembre. «En allant bloquer nos
lycées, nous garderons une bonne dynamique pour la manifestation des
“gilets jaunes” du lendemain», conclut le jeune homme.

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Du
côté des étudiants, aucun syndicat d’envergure n’appelle à rejoindre
les «gilets jaunes». L’Unef, classé à gauche et historiquement encline à
manifester, souhaite «rester concentré sur la hausse des frais
d’inscription à l’université». Idem pour la Fage, syndicat majoritaire
classé au centre. En réalité, certains étudiants fustigent la présence
de «l’extrême droite» au sein des «gilets jaunes», ce qui freine
l’adhésion de ces jeunes au mouvement. Pourtant à l’université
Sorbonne-Nouvelle (Paris 3), mardi matin, ils étaient 500 à grogner
d’approbation pour cet étudiant criant dans son mégaphone: «Même s’il y a
des gens qu’on n’aime pas dans ces cortèges, il faut qu’on se
transforme en “gilets jaunes” coûte que coûte.» Comme leurs collègues de
Paris 1 Panthéon-Sorbonne au même moment, les étudiants de Paris 3 ont
bien acté de se joindre au mouvement samedi.


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Louis Heidsieck

Journaliste

Eric de La Chesnais

Journaliste chargé des questions agricoles

Source : ©«Gilets jaunes» : le mouvement gagne paysans et lycéens

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