Après le très fort rebond économique de juin et juillet, qui était mécanique, l’économie demeure en sous-régime.
Dans la jungle des symboles économiques, les experts viennent d’en trouver un nouveau : la reprise économique ne sera pas en « V » (une chute suivie d’un rebond très rapide) ni en « U » (un rebond lent) mais en racine carrée (√) à l’envers. En clair, après le plongeon historique provoqué par le confinement, le rebond a été initialement très fort quand les pays se sont progressivement rouverts, mais il s’essouffle, ayant atteint un plateau.

C’est vrai au niveau mondial, où le produit intérieur brut a perdu autour de 10 % entre fin 2019 et le deuxième trimestre par rapport à ce qui se serait passé sans pandémie. « Depuis, un fort rebond a eu lieu, qui efface à peu près la moitié de cette perte, mais c’était la moitié la plus “facile” à rattraper, en réponse à la réouverture de sites de production et de commerce », notent les économistes d’Oddo BHF, un groupe de services financiers. La suite va dépendre de « la situation sanitaire, entre espoir de vaccin et risque de deuxième vague », ajoutent-ils.
En zone euro en particulier, où plusieurs foyers de redémarrage de la pandémie de Covid-19 menacent, les signes d’un essoufflement de la reprise se multiplient. Après le rebond spectaculaire mais mécanique de juin et juillet, les indicateurs du mois d’août viennent rappeler que la situation n’est absolument pas normalisée. « La reprise perd de sa vigueur », note le cabinet d’études Oxford Economics.
Au sein de la zone euro, le secteur industriel a rouvert progressivement, mais la production reste 10 % inférieure à ce qu’elle était avant la crise
Les statistiques officielles pour août n’étant pas encore disponibles, les premiers éléments disponibles sont les « indicateurs avancés », à savoir des sondages sur le moral des ménages et des entreprises. L’un des plus connus est l’indice PMI (Purchasing Managers’Index). En juillet, celui-ci était, en zone euro, de 54,9 points (un nombre au-dessus de 50 points indique une croissance) ; en août, il n’était que de 51,6. Cela reste une croissance, mais moins vigoureuse qu’avant. L’indice a été extrêmement volatil ces derniers temps et il faut l’interpréter avec prudence, mais la tendance n’est pas positive.
Au sein de la zone euro, le secteur industriel a rouvert progressivement, mais la production reste 10 % inférieure à ce qu’elle était avant la crise. Certains signes ne trompent pas : la circulation des camions en Allemagne, pourtant l’une des économies les moins touchées, a cessé de progresser en août, après une très forte hausse les mois précédents.
Vives inquiétudes dans le secteur des services
Les inquiétudes sont plus vives dans le secteur des services. Les touristes ont été moins nombreux que d’habitude pendant l’été, les restaurants demeurent à moitié vides, les parcs d’attractions sont fermés ou leur fréquentation est réduite… La distanciation physique et la crainte des populations continuent à se faire sentir lourdement.
Les données de mobilité de Google le montrent bien. Corrigés des variations saisonnières, les déplacements en août en France, en Allemagne et en Espagne étaient en baisse par rapport à juillet, restant près de 20 % au-dessous du niveau de 2019.
L’envolée du taux d’épargne des ménages montre que la consommation est prête à reprendre si les conditions sanitaires se normalisent. Mais pour l’instant, les statistiques du Covid-19 vont dans le sens inverse. La hausse du nombre de cas en Espagne en particulier, et dans une moindre mesure en France, aux Pays-Bas et en Grèce, fait craindre l’approche d’une deuxième vague.
Nouvelles restrictions
Les autorités publiques ont réagi en imposant de nouvelles restrictions. En Catalogne, les rencontres de plus de dix personnes sont désormais interdites. Dans la région de Murcie, dans le sud-est de l’Espagne, la limite a été fixée à six personnes. Le Royaume-Uni a imposé une quatorzaine d’isolement aux personnes revenant de France, entre autres. Autant de mesures qui réduisent les déplacements et la consommation.
« L’évolution du virus reste le principal risque [pour la reprise], souligne Oxford Economics. Si une deuxième vague d’infection nécessite un nouveau confinement, les effets économiques seront dévastateurs, et il n’y aura pas de reprise en zone euro en 2021. »
On n’en est pas là. Le nombre d’hospitalisations à travers l’Europe n’a, pour l’instant, guère augmenté et, sur tout le continent, les autorités semblent déterminées à rouvrir les écoles (la rentrée a déjà eu lieu dans plusieurs pays), ce qui a un impact considérable sur l’activité économique.
Pour l’instant, grâce aux mesures d’aide sans précédent mises en place par les gouvernements, les faillites d’entreprises restent relativement limitées et le chômage de masse a été évité. Mais plus la reprise sera lente, plus les dommages de long terme seront difficiles à éviter.
Source:© « Entre espoir de vaccin et risque de deuxième vague », la reprise économique ralentit en Europe
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