Donald Trump affiche un nouveau succès avec le rapprochement entre Israël et le Soudan

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Après l’accord avec les Emirats arabes unis et Bahreïn, le Soudan permet un saut qualitatif. Les tensions économiques ont pu jouer pour expliquer l’évolution des autorités de transition à Khartoum, d’abord opposées à une éventuelle normalisation.

Avant de quitter la Maison Blanche pour parcourir la Floride, moins de deux semaines avant l’élection présidentielle du 3 novembre, Donald Trump a convoqué la presse dans le bureau Ovale pour qu’elle assiste à une conférence téléphonique historique rassemblant le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et les deux principaux responsables du régime de transition soudanais, le premier ministre, Abdallah Hamdok, et le président du Conseil souverain, le général Abdel Fattah Abdelrahman Bourhane. Il s’agissait d’annoncer le rapprochement entre l’Etat hébreu et le Soudan.

Il constitue un nouveau succès dans le processus israélo-arabe conduit sous l’égide de Washington. « Ce sera le troisième pays où nous faisons cela. Et nous en avons beaucoup d’autres à venir. Et ils se précipitent vers nous », s’est félicité le président des Etats-Unis qui s’est cependant gardé de répondre par l’affirmative à la question de savoir s’il était question d’une « normalisation complète ». Très en forme, il n’a pas pu faire l’économie d’une pique contre son adversaire démocrate, Joe Biden. « Pensez-vous que Joe l’endormi aurait pu conclure cet accord, Bibi ? Je ne le pense pas », a-t-il assuré pendant qu’au bout du fil le premier ministre israélien évitait d’acquiescer.

Washington n’a pas économisé son énergie

Après la normalisation avec les Emirats arabes unis et Bahreïn, le Soudan permet un saut qualitatif qui achève d’effacer l’héritage historique de la déclaration de Khartoum, fruit d’une réunion de la Ligue arabe au lendemain de la guerre des Six-Jours, en 1967. Ses membres s’y étaient engagés à ne pas faire la paix avec Israël, ni à reconnaître l’Etat hébreu, ni même à négocier avec lui.

« Aujourd’hui, nous avons la paix. Nous avons trois oui sous la présidence de Donald Trump : nous avons la paix, nous avons la reconnaissance et nous avons des négociations pour encore plus de paix », a assuré le conseiller et gendre du président, Jared Kushner, le principal artisan d’un plan de paix initialement israélo-palestinien présenté en janvier. Ce dernier a été relégué au second plan du fait de l’accélération d’une normalisation israélo-arabe restée au point mort depuis le traité de paix avec la Jordanie, en 1994, jusqu’à la percée émiratie.

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Ces avancées, saluées par son adversaire démocrate, Joe Biden, permettent à Donald Trump d’effacer les revers subis pendant son mandat dans les dossiers nord-coréen ou iranien, même s’il a assuré dans le premier cas lors du dernier débat présidentiel, jeudi, que sa relation avec l’homme fort de Pyongyang, Kim Jong-un, pourtant infructueuse a permis d’éviter une guerre nucléaire.

Washington n’a manifestement pas économisé son énergie pour parvenir au résultat annoncé vendredi alors que la campagne présidentielle n’est pas favorable pour l’instant à Donald Trump. Le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, avait essuyé un échec à la fin du mois d’août au cours d’une visite à Khartoum. Le premier ministre, Abdallah Hamdok, avait alors assuré qu’une éventuelle normalisation n’était pas de son ressort et qu’elle ne pourrait survenir qu’au terme du processus de transition, après les élections prévues en 2022.

Un « formidable revirement » soudanais

Les tensions économiques ont pu jouer pour expliquer l’évolution soudanaise. Les autorités de transition avaient en effet besoin que Washington retire le Soudan de sa liste noire des pays soutenant le terrorisme, un préalable obligatoire pour que les Etats-Unis puissent voter en faveur d’un rééchelonnement de la dette extérieure soudanaise au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale.

De son côté, Khartoum a rassemblé, peut-être avec une aide venue des pays du Golfe, les indemnités records de 335 millions de dollars (282 millions d’euros) dues aux familles des victimes d’attentats perpétrés en 1998 par la nébuleuse djihadiste Al-Qaida. Ces attentats, qui avaient visé les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie, avaient causé la mort de plus de 200 personnes. Ostracisé pour avoir accueilli le fondateur d’Al-Qaida, Oussama Ben Laden, dans les années 1990, sous le régime du dictateur Omar Al-Bachir, le Soudan avait été condamné à verser ces indemnisations par la justice américaine.

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Vendredi soir, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a salué un « formidable revirement ». Dans la série d’accords conclus depuis septembre avec les Emirats arabes unis puis le Bahreïn, cette dernière perspective de rapprochement ne porte pas pour Israël d’enjeux économiques et stratégiques capitaux. Mais elle représente la plus lourde charge symbolique. Au contraire des monarchies arabes du Golfe, qui n’ont jamais été en conflit direct avec Israël, le Soudan lui a été hostile dès son indépendance.

Tandis qu’Israël a entretenu des liens avec les forces séparatistes du Soudan du Sud sous le règne d’Omar Al-Bachir, Khartoum a été accusé de servir de plaque tournante d’armes livrées par l’Iran au Hamas palestinien, dans la bande de Gaza. Plusieurs convois ont ainsi été l’objet d’opérations clandestines attribuées à Israël (119 morts en 2009). Cette alliance iranienne s’est effacée en 2016, favorisant des contacts discrets avec l’Etat hébreu. Puis la révolution soudanaise de 2019 a poussé plus avant cet Etat fragile dans l’orbite saoudo-émiratie.

Hamas : un accord qui « ne bénéficie qu’à Netanyahou »

M. Nétanyahou avait rencontré dès le mois de février en Ouganda le général Abdel Fattah Abdelrahman Bourhane. Cette entrevue avait soulevé des tensions au Soudan, où civils et militaires se sont partagé le pouvoir après la chute d’Omar Al-Bachir.

Le Hamas, dont les représentants ont longtemps transité par Khartoum, a dénoncé, vendredi soir, « un péché politique qui nuit au peuple palestinien et à leur juste cause, nuit aussi à l’intérêt national du Soudan (…) et ne bénéficie qu’à Nétanyahou ». Le mouvement islamiste appelait les Soudanais à rejeter un tel accord.

M. Nétanyahou a précisé que des négociateurs des deux pays devaient bientôt délimiter des possibilités de coopération, notamment dans l’agriculture et le commerce. Le gouvernement israélien peut désormais espérer renvoyer au Soudan une part des quelque 20 000 demandeurs d’asile originaires du pays présents sur son sol. Il peut aussi envisager d’accroître son influence en mer Rouge, aux côtés de ses partenaires saoudien et émirati et de leur client égyptien.

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Signe de l’enchevêtrement de ces avancées israélo-arabes, au moment où la Maison Blanche annonçait le rapprochement à venir avec le Soudan, le gouvernement israélien affirmait pour sa part qu’il ne s’opposerait pas à la vente d’armements américains aux Emirats arabes unis, désignant sans les nommer des avions de chasse F-35. De tels contrats étaient, selon les Emirats, une condition de l’accord signé avec Israël en septembre. M. Nétanyahou l’avait nié dans un premier temps.

Cette clarification intervient après que le secrétaire américain à la défense, Mark Esper, a assuré à son homologue israélien, Benny Gantz, jeudi à Washington, que les Etats-Unis maintiendraient l’« avance qualitative » militaire de leur allié dans la région, seul jusqu’ici à disposer de tels avions. Dans la soirée, M. Gantz a critiqué, sans le nommer, M. Nétanyahou pour avoir laissé avancer ces négociations de ventes d’armes entre les Emirats et Washington sans en informer l’establishment sécuritaire de son pays.

Source: ©Donald Trump affiche un nouveau succès avec le rapprochement entre Israël et le Soudan

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