De nombreuses figures de gauche se saisissent de cette question.
À gauche, ne parlez pas de souverainisme. Le mot se digère mal. Il est soigneusement tenu à distance. Ce qu’il traduit, cependant, est observé de près. La crise ayant bien popularisé le sujet…
Même Arnaud Montebourg, tenté par une candidature pour 2022 et facilement qualifié de candidat d’un arc souverainiste alliant la gauche à la droite, réfute le concept. L’ancien ministre du Redressement productif se méfie de ce que certains veulent mettre dans ce concept… Mais l’idée est bien là. «La droite postgaulliste favorable à la participation, qui défend notre pays et n’est pas favorable à la mondialisation, me paraît tout aussi proche de moi que de nombreuses personnalités de gauche», a-t-il récemment déclaré au Point. Parmi les personnalités de gauche, il évoquait Jean-Luc Mélenchon, candidat LFI à la présidentielle et lui aussi pourfendeur de la mondialisation capitaliste.
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Au terme «souverainisme», Montebourg dit préférer «l’indépendance». Pour sa première sortie depuis son retour aux affaires politiques, il vient d’en mettre en valeur une déclinaison, numérique et technologique, la semaine dernière à Lannion (Côtes-d’Armor), devant les salariés de Nokia. Une indépendance garante de souveraineté. Dans une tribune signée quelques jours plus tôt dans le JDD avec deux parlementaires, le PCF Gérard Lahellec et le LR Marc Le Fur, l’ancien député PS soutient que «le démantèlement d’un acteur majeur des télécoms pose une question de souveraineté et de sécurité nationale». C’est tout sauf nouveau chez lui. Mais c’est justement ce dont il veut faire une force. Montebourg trouverait légitime que ce positionnement, porté depuis si longtemps avec la défense du «made in France», porte enfin son fruit politique.
«Trop de commentateurs et de dirigeants ont associé la notion de souveraineté au repli, or c’est tout le contraire, c’est le mot de la liberté, de la démocratie du contrôle des choses», soutient avec enthousiasme le député européen Emmanuel Maurel, à la tête du mouvement Gauche républicaine et socialiste. Proche de Montebourg comme de Mélenchon, il se réjouit de la «vitalité nouvelle» observée. «Les gens et les nations veulent prendre leur avenir en main», dit-il.
Un concept présent dans chaque discours
«La souveraineté, c’est une vraie question, mais il faut pouvoir l’envisager sans penser le souverainisme, qui est sa version étriquée», concède lui aussi Boris Vallaud. Le député socialiste des Landes travaille ce dossier depuis un moment. Lui non plus n’a pas attendu la crise, même si elle donne un ton nouveau. À la tête d’une équipe chargée de construire le projet du PS pour 2022 – la démarche, qualifiée de «Primaire des idées», est lancée cette semaine et sera présentée à l’université d’été, à Blois, fin août – il sait à quel point on touche là à un point névralgique: «C’est la question de l’État dans un rapport de force entre la puissance publique et la puissance privée, dit-il, C’est notre insertion négociée et consentie dans une organisation mondiale…»
D’autres à gauche se saisissent de la question, dont le député européen Yannick Jadot, candidat à la primaire des écologistes pour la présidentielle. À Bruxelles comme dans ses soutiens en France aux campagnes municipales et désormais régionales, la «souveraineté» revient à chaque discours, ou presque. «Mais certainement pas le souverainisme, prévient-il, teinté de nationalisme et de dirigisme d’État. Historiquement, même dans les années 90 avec José Bové et les mouvements paysans, nous défendions la souveraineté alimentaire, pour retrouver le contrôle de l’intérêt général et de sa vie.» Jadot défend la «capacité à délibérer» à l’échelle «d’un individu ou d’un quartier, au niveau d’une région ou d’une nation ou encore de l’Europe». «Encore faudrait-il un intérêt général entre pays européens», lui répond Maurel.
Source:© De Montebourg à Mélenchon, la souveraineté chemine à gauche
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