Cinémas, concerts, musées… tous les secteurs débordent d’idées pour la rentrée

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Les acteurs du secteur avancent des propositions pour maintenir leurs activités, malgré le rebond de la crise sanitaire.

CINÉMA

Après un été difficile avec 500 millions d’euros de perte de chiffre d’affaires, les patrons de cinéma retrouvent un peu le moral. Grâce à la météo et à de nouveaux films, dont Enragé, avec Russell Crowe, Belle-Fille, avec Alexandra Lamy, et Akira, le box-office repart à la hausse. Plusieurs succès estivaux dont Tout simplement noirLes Blagues de Toto et Bigfoot Family continuent d’attirer le public. Aucun des distributeurs qui ont eu le courage de sortir des films cet été ne l’a regretté. Autre signe encourageant : les avant-premières font le plein. À commencer par celles d’Adieu les cons d’Albert Dupontel, 30 jours Max, de Tarek Boudali, et J’irai mourir dans les Carpates, produit par Julie Gayet. «Nous attendons désormais la sortie de Tenet, de Christopher Nolan, le 26 août. Il y aura un avant et un après ce premier film américain, qui devrait drainer un large public», explique Jocelyn Bouyssy, PDG des salles CGR.

Pour aider les cinémas français, Christopher Nolan et Olivier Snanoudj, senior vice-président distribution de Warner Bros France, ont gagné une belle bataille. Le tycoon de Warner à Hollywood, Andrew Cripps, a accepté d’arrêter de décaler le film et d’oublier son concept de sortie mondiale pour lancer Tenet en France neuf jours avant les États-Unis. Il a aussi accepté de l’adapter à nos cinémas premium. Pour être projeté dans les 35 salles Ice avec ses couleurs retransmises sur des écrans latéraux, Tenet a été «retravaillé» dans le plus grand secret dans un bunker à La Rochelle. Après le tsunami espéré de ce film d’espionnage, septembre sera comme toujours un mois calme. Certes, Omar Sy revient dans Police, d’Anne Fontaine. Mais parler de son rôle de policier tout en militant aux côtés de la famille Traoré va être un exercice délicat.

Les idées pour séduire les spectateurs ne manquent pas. À commencer par deux séances hors film. Le 27 août, DJ Snake dévoilera les coulisses de son concert hors norme en février dernier devant 40.000 fans à Paris La Défense Arena, où il a reproduit l’Arc de triomphe. Puis l’exposition Leonard de Vinci au Louvre, dont on fera une visite privée nocturne le 16 septembre. Les salles d’art et d’essai, qui s’en sortent mieux que les circuits depuis la réouverture car plus proches de leur public, ont renforcé leurs animations. «Je vais multiplier les rencontres avec les cinéastes, explique ainsi Christine Beauchemin-Flot, à la tête du Sélect d’Anthony, au sud de Paris, considérée comme l’une des programmatrices les plus influentes d’Europe. Je vais recevoir Marion Laine, Éric Barbier, Albert Dupontel, Anne Fontaine…»

À partir d’octobre, les trois films sur lesquels comptent les exploitants sont Adieu les cons d’Albert Dupontel (21 octobre), Kaamelott d’Alexandre Astier (25 novembre) et le James Bond, Mourir peut attendre, le 11 novembre. «L’urgence est d’arrêter de décaler les films et de les vendre aux plateformes», insiste Jocelyn Bouyssy. Christine Beauchemin-Flot se veut optimiste : «Le box-office de Tenet sera observé de près en France comme à Hollywood. Si c’est un succès, l’état d’esprit des distributeurs évoluera très vite.»

MUSIQUE CLASSIQUE

Relativement optimiste avant les vacances, la tonalité des salles de concert et des théâtres lyriques est devenue plus circonspecte, voire anxieuse. Les acteurs du classique déplorent le silence du ministère de la Culture, dont on attend des directives précises pour adapter la programmation. «On est entre “Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir?” et En attendant Godot», commente Michel Franck, directeur du Théâtre des Champs-Élysées, tandis que Loïc Lachenal, président du syndicat professionnel Les Forces musicales, rappelle que l’on n’a pas joué un opéra en France depuis six mois, et que «le spectacle vivant reste le seul secteur à l’arrêt». Directrice de l’Auditorium-Orchestre national de Lyon, Aline Sam-Giao réclame cohérence et visibilité : «Nous sommes capables de faire vivre le classique avec la pandémie, mais il faut des réponses claires.» Directeur de la Philharmonie de Paris, Laurent Bayle évoque «un casse-tête qui réclame un pilotage au plus près».

Si l’Opéra de Lyon a prévu des petites formes en septembre et octobre, repoussant le premier opéra à novembre, si Marseille joue La Dame de pique en concert et avec accompagnement de piano, Toulouse et Bordeaux annoncent une reprise dès septembre, Rouen espérant maintenir Tannhäuser en plaçant l’orchestre au parterre et en n’ouvrant que les balcons au public… Si la distance requise peut être respectée pour les orchestres, certains programmes symphoniques devront être revus à la baisse, si bien que chaque salle dispose de plans A, B et C. Certains artistes venant de pays fermés ont déjà été remplacés, d’autres font des détours par la Croatie, et les services de billetterie jonglent en fonction du nombre de spectateurs autorisés. Solutions qui peuvent tomber à l’eau au moindre changement de directives.

CONCERTS

Cette semaine, «déçu», Matthieu Chedid, dit M, a jeté l’éponge, de même qu’Alain Souchon, qui reporte ses concerts de la rentrée à l’automne 2021. Ninho et Matt Pokora annonceront leur décision dans les jours prochains. «Il n’y aura quasiment aucun concert avant début octobre», pronostique le producteur Pierre-Alexandre Vertadier. Les artistes à la tête de mégashows devront les reporter car les rassemblements de plus de 5000 personnes sont interdits jusqu’à fin octobre. Le public peut seulement assister à des concerts de moins de 5000 spectateurs et en étant assis, un siège séparant chaque groupe.

Pour l’artiste et le producteur, c’est une catastrophe car un concert n’est rentable qu’à partir d’une jauge de 80 %-85 %. Après six mois d’arrêt total, rares sont ceux qui peuvent redémarrer en perdant de l’argent. Revenir à 100 % de billets vendus a été accepté le 19 août par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. «En échange, le public devra jouer le jeu et rester masqué durant tout le spectacle», avertit Malika Séguineau, directrice générale du Prodiss, syndicat des producteurs et patrons de salles. C’est à l’Élysée que se prendra la décision. Si l’affaire est réglée en fin de semaine prochaine, plusieurs concerts de mi-septembre seront sauvés. Certains refusent de baisser les bras. «Katie Melua, qui vit à Londres, a accepté de jouer à l’Olympia le 25 septembre devant 1200 personnes au lieu de 2000», confie son producteur Matthieu Drouot. C’était compter sans la quatorzaine imposée par la Grande-Bretagne. Même souci d’isolement pour les artistes belges, comme Roméo Elvis, et pour ceux coincés au Canada telle Lara Fabian. «Les jauges debout qui restent interdites jusqu’à nouvel ordre sont un dossier à part entière. Il faudra s’y atteler car cette interdiction conditionne la tenue des festivals de l’été 2021», souligne Malika Séguineau. Pour sauver son festival début septembre, dont un concert de Christophe Maé, le Domaine de Chamarand (Essonne) va louer des gradins afin de respecter la distanciation sociale. Reste à étudier la faisabilité du dispositif.

DANSE

À Biarritz, Strasbourg, Aix-en-Provence, Paris et dans la quasi-totalité de compagnies de France, les danseurs ont remis leurs chaussons depuis quelques jours. Au Ballet de l’Opéra de Paris, la compagnie a repris le 18 août avant un retour des répétitions à la mi-septembre. Il s’agit d’abord de «réathlétiser» les danseurs, qui n’ont jamais, de mémoire d’étoile, été tenus aussi longtemps loin des studios. Au menu, cours de danse, préparation physique et Pilates. À Paris, les cours se font avec masque – sauf effort intense – et en effectif réduit. À Aix-en-Provence, Biarritz ou Strasbourg, les danseurs ont laissé tomber le port du masque. «Les cours ont repris de manière presque normale, sans distanciation et sans masque», dit Bruno Bouché, directeur du Ballet du Rhin. En revanche, dans toutes les compagnies, les danseurs se soumettent à des tests PCR hebdomadaires.

Si le Ballet du Rhin rouvre le 5 septembre avec la reprise de Chaplin, de Mario Schröder, si les danseurs du ballet Preljocaj reprennent le chemin des studios ce lundi pour créer le prochain Lac des cygnes du chorégraphe, si le Ballet de Biarritz répète les pièces de Thierry Malandain, ces répétitions se font en douce : «Nous avons demandé que les acteurs artistiques puissent bénéficier du décret qui accorde aux sportifs le droit de reprendre l’entraînement et la pratique. Mais le ministère de la Culture nous l’a refusé, déclare Thierry Malandain. Ce qui est étrange, d’autant que nous respectons un protocole.» Même flou en ce qui concerne l’organisation du festival Le Temps d’aimer, qui doit se dérouler à Biarritz du 11 au 20 septembre, où la mairie pourrait interdire les manifestations gratuites en plein air.

MUSÉES

«On verra bien.» La phrase est sur toutes les lèvres alors que les musées voient la rentrée approcher, après un été marqué par une baisse de la fréquentation et des recettes de billetterie. Chez les plus dépendants à l’international, l’ambiance est fébrile. Au Musée d’Orsay, on estime qu’il est «trop tôt» pour commenter une «situation évoluant quotidiennement». Le Louvre refuse de se projeter au-delà du 30 septembre, date à laquelle doit prendre fin la réorganisation pensée pour la réouverture.

Plus sereins, les musées de moindre taille misent sur la fidélité des visiteurs locaux. Celui de Pont-Aven (Finistère), qui réalise la moitié de sa fréquentation en été, entend «viser la qualité plutôt que la quantité». Pour son exposition «Le Grand Mezze», le Mucem va «envoyer ses guides dans des écoles et collèges» près de Marseille. Paris-Musées, dont les 14 sites attirent d’ordinaire plus d’étrangers, a développé une offre de proximité avec son Été au musée, pensé pour «les habitants du Grand Paris, les plus fragilisés par la crise».

Alors que les visites guidées sont limitées, certains musées souhaitent aussi pérenniser les nouvelles formes de médiation expérimentées cet été. Telles les «visites flash» réunissant des «groupes d’une dizaine de personnes maximum» au Mucem, du recours massif aux audioguides au Musée des beaux-arts de Lyon ou des «médiations volantes» sollicitées au coup par coup à Pont-Aven. Jusqu’au 20 septembre, le Louvre maintient ses mini-découvertes, des visites individuelles – et gratuites – de vingt minutes qui ont certes séduit le public mais ne remédieront pas à la baisse de recettes.

Sans modifier ses horaires d’ouverture, le Centre Pompidou proposera «plus de créneaux de visites» pour des groupes allant de 12 à 15 personnes, contre 25 avant la crise. L’occasion de «prendre son temps et dialoguer avec le conférencier et les œuvres». Mais les musées restent sur le qui-vive, prêts à réagir si la situation sanitaire l’exigeait. «Le parcours des expositions a été questionné et le sera encore pour permettre au visiteur une déambulation fluide qui évite les croisements de flux», anticipe la Fondation Louis Vuitton, qui rouvrira le 23 septembre.

THÉÂTRE

«Un siège sur deux, c’est un peu ridicule quand il y a le masque», observe Francis Nani, patron des théâtres Michel et Palais Royal, à Paris. En chœur avec Loïc Bonnet, président de l’Association des théâtres privés en région, qui réclame l’exploitation des jauges à «100 %», soit l’annulation d’un siège vide sur deux, port du masque obligatoire pour le public s’entend. «Roselyne Bachelot veut sauver le spectacle vivant», signale Bertrand Thamin, à la tête du Syndicat national du théâtre privé Celui qui dirige aussi le Théâtre Montparnasse attend une «bonne nouvelle»cette semaine. «On n’a pas les moyens de fermer jusqu’en janvier. Nous prévoyons d’ouvrir entre le 15 septembre et le 15 octobre», ajoute-t-il.

«Les gens réservent», assure toutefois Stéphanie Bataille, directrice artistique du Théâtre Antoine, qui reprendra, comme d’autres structures privées, des succès, souvent des seuls-en-scène ou des duos: Par le bout du nez avec Berléand-Demaison et Plaidoiries avec Richard Berry, choisissant de remettre les créations en janvier.

«C’est plus rassurant, acquiesce Francis Nani. Pour une création en septembre, avec la promotion, les décors… il faut compter 400.000 euros et jouer entre 80 à 100 représentations pour amortir les frais.» Depuis le 20 août, ce passionné propose La Machine de Turing au Théâtre Michel et reprendra au Palais-Royal Edmond pour la quatrième année consécutive (le 10 septembre). Fabrice Luchini dira de nouveau sa Conversation autour de portraits et d’auto-portraits aux Bouffes parisiens (le 29 septembre) et Pierre Palmade remplit le Théâtre du Marais depuis le 5 août (jusqu’au 11 septembre). Le Théâtre de l’Atelier sort du lot en rouvrant avec Crise de nerfs, une création en trois farces de Tchekhov mise en scène par Peter Stein avec Jacques Weber (le 22 septembre).

Côté public, on ose aussi. Stanislas Nordey, directeur du Théâtre national de Strasbourg, maintient sa rentrée avec vingt productions d’envergure inédites. «Nous préférerions jouer sans distanciation, mais on suivra la loi», prévient-il. À la tête du Théâtre de la ville de Paris, Emmanuel Demarcy-Mota reprendra Les Sorcières de Salem, arrêtées en mars dans la grande salle de l’Espace Cardin (le 8 septembre). Et produira une création, Qui a tué mon père, de Thomas Ostermeier, au Théâtre des Abbesses (le 9 septembre). Stéphane Braunschweig n’ouvrira, lui, les réservations de l’Odéon-Théâtre de l’Europe que le 1er septembre pour montrer ensuite Iphigénie, de Racine.

«En ouvrant en septembre dans les conditions actuelles, il n’y aurait pas plus de 500 spectateurs sur 1200. C’est une catastrophe financière», avertit Daniel Benoin, à la tête d’Anthéa, à Antibe,s qui reporte sa rentrée au 3 novembre. «Il faut rester entreprenant», insiste Emmanuel Demarcy-Mota, resté ouvert depuis le 22 juin. L’une des solutions pour les salles est de jouer en extérieur : deux lieux ont été installés à l’Espace Cardin. Pour sa part, Jean-Michel Ribes ouvre aussi son jardin du Théâtre du Rond-Point : «Plantons de l’art!», lance-t-il.

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Source: ©Cinémas, concerts, musées… tous les secteurs débordent d’idées pour la rentrée

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