
Le groupe terroriste libanais, en creusant des tunnels, montre qu’il planifie toujours des offensives terrestres contre Israël – et pas “seulement” des attaques de roquettes
L’annonce faite mardi matin par l’armée israélienne d’une
opération contre les tunnels d’attaque du Hezbollah depuis le territoire
libanais vers Israël ne constitue pas nécessairement une indication
claire d’une escalade avec le groupe terroriste chiite. Sauf qu’un
examen de l’ampleur de l’évolution de la situation dans la région,
notamment en ce qui concerne ces tunnels et en particulier les usines du
Hezbollah qui reçoivent l’aide de l’Iran pour ses roquettes de
précision, nous amène à une conclusion alarmante : La prochaine guerre
entre Israël et le Hezbollah est déjà à la porte.
Le Hezbollah, suite à la diminution de la guerre civile en Syrie,
est une organisation plus forte qu’elle ne l’était avant l’éclatement
de la violence il y a sept ans. Il est vrai qu’il a subi de lourdes
pertes, environ 2 000 de ses combattants ayant été tués et quatre fois
plus de blessés, alors qu’il luttait contre les rebelles au nom du
régime d’Assad. Mais sur le champ de bataille, Israël fait maintenant
face à un ennemi plus dangereux, entraîné et habitué à une guerre
terrestre prolongée.
Le groupe terroriste basé au Liban a commencé à reconstituer ses
capacités contre Israël de plusieurs façons. D’abord, en roquettes. Le
Hezbollah disposait d’un grand nombre de roquettes avant l’éclatement de
la guerre civile syrienne, bien que la plupart d’entre elles n’étaient
pas d’une grande précision. Aujourd’hui, sous la direction de l’Iran en
Syrie et au Liban, il s’efforce de remédier à cela.
Les usines de fabrication de missiles de précision que le Hezbollah
s’emploie à mettre en place, avec l’aide des Gardiens de la Révolution,
permettront à l’organisation terroriste chiite d’avoir des capacités
impressionnantes pour endommager les infrastructures, tant militaires
que civiles – le genre de dommages qui feront paraître la guerre de
2006, dernier conflit contre Israel où des pluies de roquettes se sont
abattues dans le Nord du pays, comme une promenade de santé.

Dans le même temps, le Hezbollah s’emploie à enrôler de nouveaux
combattants, à les former et à les doter d’armes et d’argent iraniens.
En outre, l’organisation s’emploie à mettre en place une
infrastructure militaire sur le plateau du Golan syrien, sous le nez et
avec l’accord des autorités syriennes, mais face à l’indifférence de la
Russie.
En 2015, Israël aurait abattu le commandant en chef du Hezbollah,
Jihad Mughniyah, qui conduisait ce projet ; apparemment un de ses frères
a pris la relève.
Il apparaît maintenant clairement que les préparatifs du Hezbollah
pour une opération terrestre contre Israël, dans le cadre de la
prochaine guerre, n’ont même pas cessé un seul instant. L’objectif n’est
pas seulement de procéder à de massifs tirs de roquettes sur Israël,
mais aussi de tenter de prendre le contrôle des localités israéliennes –
scénarios que les chefs du Hezbollah ont appelés « conquête de la
Galilée ».
Comme beaucoup d’autres, j’avais entendu des explications sans fin de
la part d’officiers supérieurs et d’autres moins supérieurs de Tsahal
selon lesquelles le Hezbollah n’a aucun intérêt pour les tunnels en
raison du coût et de la difficulté de les creuser dans le relief du
nord.
Le substrat rocheux calcaire est complètement différent du sol
sablonneux de la bande de Gaza, où le groupe terroriste du Hamas creuse
des tunnels depuis des années. Il a également été affirmé qu’une
opération terrestre secrètement lancée, dans les zones boisées du nord,
serait plus efficace et efficiente qu’un investissement dans des
tunnels. Les habitants du Nord se sont fait dire la même chose par
Tsahal.
Pourtant, le Hezbollah pensait clairement différemment. Avec le
recul, il est difficile de comprendre pourquoi il ne ferait pas
exactement ce qu’il a fait de toute évidence. Lors de la deuxième guerre
du Liban en 2006, l’armée israélienne a découvert que les « réserves
naturelles » que le Hezbollah avait établies à la frontière nord
comprenaient un réseau de tunnels, creusés dans ce territoire vallonné
difficile, creusé dans la roche calcaire du sous-sol. Par conséquent, il
était éminemment raisonnable d’imaginer que le Hezbollah tenterait de
construire des tunnels d’attaque en Israël.

Un autre facteur pertinent à cet égard est le départ du groupe
djihadiste de l’État islamique de l’arène du Moyen Orient, qui a donné
au Hezbollah plus d’énergie, de ressources et de motivation pour une
nouvelle confrontation avec Israël. La menace extrémiste sunnite de l’EI
a été presque complètement anéantie ; il est maintenant possible de se
concentrer sur les efforts visant à nuire à Israël, sous la direction
étroite de l’Iran. Le Hezbollah a pris le contrôle du Liban et fait tout
ce qu’il veut là-bas. Les menaces israéliennes de frapper les
infrastructures libanaises n’ont guère impressionné le groupe. Elle
n’existe que pour servir ses maîtres à Téhéran.
Un dernier point à considérer est que l’effort de Tsahal pour
découvrir et contrer les tunnels du Hezbollah n’est pas une
« opération » militaire sur le front intérieur libanais. Ce n’est pas
non plus un raid commando audacieux. Il s’agit plutôt d’une opération
d’ingénierie. Certes, il y a un risque d’escalade, mais il ne semble pas
y avoir de raison de s’inquiéter d’une guerre simplement à cause d’une
opération en territoire israélien.
Ce qui m’amène, finalement, à la bande de Gaza.
Même l’impératif de travaux à la frontière nord par le corps du génie
de l’armée israélienne et d’autres unités ne constitue pas une raison
réelle pour permettre le transfert d’argent – 15 millions de dollars
pour être précis, en espèces du Qatar, chaque mois – dans les caisses du
Hamas comme convenu après les heurts entre Israël et le Hamas le mois
dernier. Avec cette politique, Israël n’achète pas le calme, mais la
prochaine escalade. Pas du nord, mais du sud.
Source :© Bien sûr, le Hezbollah creuse des tunnels. Pourquoi ne le ferait-il pas ?
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