
L’ex-ministre, qui veut rassembler au-delà de la gauche, se tient prêt. Ses proches, dont l’économiste Gaël Giraud, structurent sa dynamique.
Arnaud Montebourg n’a pas franchi le pas officiellement. Autour de lui pourtant, sa candidature à la présidentielle est actée. «Cela nous semble inéluctable», confie un proche. L’ex-ministre de l’Économie ne devrait plus tarder à se lancer. Dès la fin de la semaine prochaine, il prévoit de réaliser des déplacements de terrain bien plus politiques que ceux entrepris jusqu’ici dans le cadre professionnel. Une nouvelle étape après celle de son retour en politique à l’automne dernier, aidé de son livre L’Engagement, publié chez Grasset.
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Lundi matin, via leurs écrans respectifs, quelques amis se sont retrouvés autour de lui. Parmi eux, le publicitaire Philippe Lentschener, qui connaît Montebourg depuis 2006. Il était auprès de lui à Bercy, au temps de la mission interministérielle Marque France. «Quand Arnaud se réveille, vous pouvez être assuré que Philippe est dans les parages», s’amuse un proche. Lentschener de son côté, assure que le petit groupe d’amis «n’a rien d’un politburo qui décide de ce qu’on va faire demain ou dans un mois. On se réunit, on réfléchit, comme dans d’autres cercles qui gravitent autour de lui». La sénatrice socialiste Laurence Rossignol était aussi présente lundi. Elle monte de son côté un réseau parlementaire destiné à vanter la valeur de celui en qui elle croit désormais dur comme fer.
Défenseur du «made in France»
Mais outre quelques autres participants, soucieux encore de rester discrets, se trouvait surtout l’économiste Gaël Giraud. Un drôle de personnage, prêtre et jésuite de son état mais aussi intellectuel assez redouté, reconnu à gauche et capable de se faire entendre d’une jeune génération écologiste engagée, en recherche de changements et de radicalité. Les deux vies de cet ancien chef économiste de l’Agence française de développement n’en font qu’une, à l’image de sa thèse en théologie présentée en septembre sur les dangers de l’absolutisation de la propriété privée à l’heure de la crise écologique.
Il a été courtisé par Jean-Luc Mélenchon en juin et la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, voudrait sans doute l’avoir à ses côtés – elle le rencontre d’ailleurs cette fin de semaine. Mais Giraud est d’abord un compagnon de Montebourg. En 2013 déjà, ce dernier voulait l’embaucher à Bercy. Le jésuite avait décliné pour cause d’ordination sacerdotale. Interrogé par Le Figaro, l’économiste délaie sa réponse sur son degré d’engagement. «Il n’y a rien d’officiel puisqu’Arnaud Montebourg n’est pas en campagne, son équipe donc, n’existe pas…» Mais Gaël Giraud ne tarit pas de mots sur l’importance de la campagne à venir, se prêtant volontiers au jeu politique. «La situation est tellement grave que je ne peux plus me cantonner au seul rôle de l’intellectuel qui regarde les trains passer depuis le bord de la route. Ce n’est plus possible.»
Arnaud est, à gauche, capable de rassembler au-delà des lignes. Nous allons construire un grand arc républicain
Un proche d’Arnaud Montebourg
Avec Arnaud Montebourg, il veut «sauver la société française de la trappe déflationniste» dans laquelle, à l’entendre, Bruno Le Maire, actuel ministre de l’Économie, plonge le pays. Cette trappe étant «l’assurance d’avoir Marine Le Pen au pouvoir en 2027». Apôtre résolu de l’annulation de la dette publique – une position lui valant l’hostilité du camp «orthodoxe» jusqu’ici bienveillante à son égard – Giraud vante «un projet volontaire de reconstruction par un État fort, stratège, de réindustrialisation verte, low tech, avec une nette représentation de la souveraineté française». S’il ne prononce pas le mot «souverainisme», l’esprit est bien là. C’est une des raisons de son soutien à Montebourg.
Car selon Giraud, seul l’ancien ministre, notoire défenseur du «made in France» et stable sur ses positions économiques depuis vingt ans, «peut se lancer dans une politique audacieuse avec le soutien d’une certaine droite, gaullienne, sociale et écologiste». «Arnaud est, à gauche, capable de rassembler au-delà des lignes. Nous allons construire un grand arc républicain», promet un autre proche de Montebourg. Ce dernier se dit peu inquiet du crédit limité que certains appareils, écologistes ou socialistes, accordent au candidat malheureux à la primaire socialiste en 2016 et qui s’était un temps interrogé sur la possibilité de rejoindre Jean-Luc Mélenchon au vu des mauvais sondages alors attribués au candidat du PS, Benoît Hamon.
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En plein réveil de son réseau politique, Montebourg tente donc de construire des ponts, non sans rappeler la campagne de 2001 avec Jean-Pierre Chevènement. Le maire LR de Cannes David Lisnard, en vogue actuellement à droite en vue de 2022, s’est récemment entretenu avec lui au téléphone. «C’est lui qui a appelé Lisnard», dit-on d’un côté. «Lisnard a fermement défendu Montebourg sur les réseaux sociaux alors qu’il était attaqué sur une de ses positions de fond. Il l’a appelé pour en parler», précise-t-on de l’autre. Le député LR du Vaucluse, Julien Aubert, pour sa part, n’est pas hostile sur le principe à l’idée du pont, ni d’ailleurs à la figure d’Arnaud Montebourg. Un des vice-présidents de son mouvement, Oser la France, qui repose sur le triptyque ambitieux «souveraineté, gaullisme, République», n’est autre que l’ancien député suppléant de Benoît Hamon, Jean-Philippe Mallé, conseiller général des Yvelines.
«Le courant souverainiste traverse les partis mais il a toujours été clivé, de Philippe Séguin à Jean-Pierre Chevènement», prévient le député LR, qui reconnaît cependant avoir lui-même franchi la ligne et voté Chevènement en 2001. «À droite, on parle de la France, à gauche on parle de la République, il y a des divergences, des approches différentes, les mythes ne sont pas les mêmes, mais l’attente est identique», dit-il, soulignant qu’Emmanuel Macron, «prophète de la mondialisation, représente tout ce que ces gens détestent». S’il juge «impossible que Marine Le Pen puisse s’asseoir sur le trône inoccupé des souverainistes, même si elle en rêve», Aubert prévient: «Montebourg devra déjà s’imposer comme leader incontesté de sa rive avant de chercher à convaincre l’autre.»
Source:© Arnaud Montebourg sur le point de se lancer pour 2022
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