Accord Israël-Émirats: Mike Pompeo veut trouver de nouveaux amis au Moyen-Orient

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Le secrétaire d’État américain, qui vante le rapprochement israélo-émirati, était à Jérusalem, et se rend à Oman et au Soudan.

Correspondant à Jérusalem

Mike Pompeo est pressé. Le secrétaire d’État américain entend engranger rapidement les dividendes politiques du rapprochement israélo-émirati. Il prévoit d’organiser, avant l’élection présidentielle américaine, la signature à la Maison-Blanche de l’accord de normalisation des relations entre Israël et les Émirats arabes unis (EAU), le premier du genre entre l’État hébreu et un État du golfe Persique. La cérémonie permettra à Donald Trump, à défaut d’avoir su imposer son «deal du siècle», de se targuer d’un succès diplomatique au Moyen-Orient.

Mike Pompeo s’est rendu lundi à Jérusalem, où il s’est entretenu avec Benyamin Nétanyahou, mais aussi avec les ministres de la Défense et des Affaires étrangères, Benny Gantz et Gabi Ashkenazi, ainsi qu’avec Yossi Cohen, le patron du Mossad, homme lige du premier ministre israélien et pivot des négociations secrètes avec Abu Dhabi et d’autres pays arabes sunnites. Il s’agit de mettre au travail les équipes qui vont formaliser le traité marqué par l’ouverture d’ambassades, des échanges économiques comme la vente de pétrole contre de la technologie, et des projets touristiques et aériens.

Nous refusons toute normalisation avec l’entité sioniste parce que cela l’encouragerait à aller plus loin dans la violation des droits du peuple palestinien

Saad Dine El Otmani, le premier ministre marocain

Mike Pompeo poursuivra sa tournée en passant par Abu Dhabi mais aussi par le Soudan et Oman, deux pays qui pourraient à leur tour entrer dans ce que Benyamin Nétanyahou appelle «le cercle de la paix dans notre région». Jared Kushner, le conseiller spécial et gendre du président américain, prendra le relais en visitant des capitales arabes la semaine suivante avec la volonté de se servir de l’accord comme d’un «brise-glace». Il doit notamment passer par Riyad et Rabat. La dynamique engagée devrait cependant rester limitée. L’Arabie saoudite a fait savoir qu’il n’est pas prévu d’établir des relations diplomatiques avec Israël sans règlement du conflit israélo-palestinien sur la base de l’initiative arabe prévoyant le retrait israélien de territoires occupés, la création d’un État palestinien avec Jérusalem pour capitale, et le règlement de la question des réfugiés. Le Maroc adopte, pour l’instant, une posture similaire. «Nous refusons toute normalisation avec l’entité sioniste parce que cela l’encouragerait à aller plus loin dans la violation des droits du peuple palestinien», a expliqué dimanche le premier ministre marocain, Saad Dine El Otmani.

Ennemi commun

Ces ballets diplomatiques s’accompagnent en Israël d’une polémique. La possible vente par les États-Unis d’avions de combat F35, les chasseurs furtifs, aux EAU qui disposent actuellement de Mirage 2000, est considérée comme une remise en cause du dogme garantissant la suprématie de l’armement technologique et un avantage stratégique à l’État hébreu. Israël s’est toujours opposé à la vente de ces appareils à l’Égypte ou à la Jordanie, des voisins avec qui il a pourtant signé la paix. Benyamin Nétanyahou, qui a renoncé à l’épouvantail de l’annexion de la Cisjordanie, est accusé d’avoir fermé les yeux sur cette partie du «deal». Il affirme qu’un tel marché qu’il désapprouve n’est pas inclus dans l’accord.

Deux petits États du Golfe, Bahreïn qui reste mutique, et Oman, semblent tentés par l’aventure. Quant au Soudan, sa position n’est pas claire

Mike Pompeo est venu à sa rescousse. «L’avantage militaire qualitatif sera préservé», a-t-il déclaré, tout en expliquant que les Émirats devaient recevoir les «équipements dont ils ont besoin», sans préciser lesquels, pour «faire face à l’Iran». Il souhaite renforcer l’alliance américano-arabo-israélienne face à l’ennemi commun alors que l’embargo sur les armes à destination de Téhéran décrété par les Nations unies s’achève le 18 octobre.

Deux petits États du Golfe, Bahreïn qui reste mutique, et Oman, semblent tentés par l’aventure. Quant au Soudan, sa position n’est pas claire. Des voix soudanaises discordantes ont commenté l’annonce le 13 août de l’accord qualifié par le New York Times de «tremblement de terre géopolitique». Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères s’était réjoui d’un futur rapprochement avec Israël, mais il avait été immédiatement révoqué par le chef de file de la diplomatie soudanaise, Omar Qamar al-Din Ismail. Des liens se sont toutefois tissés depuis la rencontre en février en Ouganda entre le premier ministre israélien et le président Abdel Fattah al-Burhan. Pour les nouer un peu plus serrés, le chef du Mossad, Yossi Cohen, serait passé par Khartoum la semaine dernière, au détour d’une visite à ses partenaires émiratis. Le Soudan demande à être rayé de la liste noire américaine des États soutenant le terrorisme pour mieux s’ouvrir aux investissements.



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